LA REFORME DES INSTITUTIONS COMMUNAUTAIRES ,UNE REPONSE AU DEFICIT DEMOCRATIQUE ?

 

 

   Les institutions communautaires sont ,depuis le début de la construction Européenne ,en perpétuelle reforme .

   Ces remaniements permanents ont tenté ,à chaque étape ,de répondre  à différents problèmes ,dont celui de la légitimité démocratique .Les institutions sont en effet souvent critiquées pour leurs opacité dans la décision et leur éloignement des citoyens .Le manque dinformation ,le cadre fermé des élaborations de traités ,la multiplication des organes et des niveaux de décisions ont convergé pour brouiller les pistes dans la perception des citoyens .

   Il existe quatre institutions communautaires (on parle de triangle institutionnel à quatre cotés !) :deux sont intergouvernementaux (le conseil des ministres et le conseil Européen),deux sont sensés  représenter lintérêt communautaire (la commission et le Parlement Européen ).Les commissaires Européens sont investis du principe d’impartialité technicienne et choisis selon leurs compétences .Ils ont le monopôles des propositions .Tous ces organes collaborent selon un processus institutionnel complexe où différentes logiques d’intérêts s’affrontent .   

   Or la démocratie ,cest :

a)Un mode de désignation des gouvernements fondé sur le vote,le choix et le consentement des citoyens .                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      b)La capacité des institutions à intégrer lopposition dans le processus décisionnel .

c)Linformation des citoyens sur les actions des institutions  .

d)Le respect de l’Etat de droit .

e)Ladéquation entre les attentes des citoyens et les actions du pouvoir élu.

Il faut donc mettre en parallèle les institutions et les principes démocratiques pour résoudre l’équation de leur manque de légitimité .       

   Quelle est la teneur du déficit démocratique des institutions Européennes ?(I)

Comment les récentes et futures réformes communautaires peuvent-elles redonner un caractère démocratique à lUE ?(II)

 

 

I)Union de démocraties , lUE fonctionne sur un mode de légitimité autre que démocratique .

 

      A)L enchevètrement de légitimités (diplomatique et politique)…

 

            1)Les traités et leurs mise en place se font dans un cadre restreind.

 

    Ce sont les diplomates et les gouvernements qui ont défini les institutions communautaires ,étant donné que les relations avec l’Europe n’existaient que dans le cadre de la politique étrangère des Etats .Chaque traité fut à chaque fois le résultat dun contexte, dun rapport de force diplomatique et politique .si les déclarations de principe ont mis en exèrgue la démocratie dans les Etats de l’Union ,l’élaboration des traités fut vidé de tout aspect démocratique ,et plutôt fondée sur la technicité des problèmes,notemment économiques (puisque longtemps l’Europe ne fut qu’économique ).

    Or ceux-ci sont traditionnellement laissés à la discretion des gouvernements (conseil des ministres ,et conseil Européen )et de la commission Européenne ,et ce dans une finalité dexpertise . Il est intéressant de remarquer également que le TUE ne commence pas par les représentant du peuple mais par lénumération des chefs dEtats ,ce qui montre encore labscence du peuple dans la définition des institutions.

 

            2)Le dédoublement institutionnel brouille les pistes .

 

    Historiquement le pouvoir dimpulsion et de décision à altèrné entre lintergouvernemental et le communautaire :

De 1951 à1958 =)communautaire avec la Haute autorité ,organe quasi supranational ,

De 1958 à 1969 ,De Gaulle donne la priorité à lintergouvernemental et laisse une très faible marge de manœuvre à la commission (traité de lElysée (1961), plan Fouché (1962),refus d’autoriser la commission et le Parlement de disposer des fonds propres qui entraine la crise de la chaise vide (1965)) ,

De 1969 à 1981 ,le communautaire se remet en marche (Serpent monétaire (1971),SME (1979),élection du Parlement Européen(1979)…) ;

puis retour à lintergouvernemental en 1981 (recentrage sur le couple Franco-Allemend ,crise des euromissiles et du chèque Anglais réglés dans ce même cadre IG,etc…)

   Institutionnellement ,lEurope souffre du même dédoublement fonctionnel.Il faut ainsi remarquer le rôle important des Etats dans la décision finale et «limplementation» des directives.Il est significatif de remarquer que cest le préfet ,haute figure de lEtat jacobin ,qui est chargé de cette implementation .

Ce dédoublement entre institutions Européenne et Etats permet un rejet des responsabilités des Etats ves Bruxelles ,et ce de manière malhonnète étant donné que cest bien le conseil des ministres qui arrète les décisions.

Les citoyens ne sy retrouvent donc que difficilement.

 

      B)…entraine que les institutions soient critiquées pour leurs opacité dans la décision et leur éloignement des citoyens .

 

            1)Une légitimité dexpertise .

 

    Si lon parle de déficit démocratique ,dans lUnion Européenne ,cest parce que la technicité des problèmes semblent imposer une dissociation entre ceux qui décident et ceux qui représentent. Ceux qui décident ,ce sont les experts cooptés (la commission ,qui possède le monopole des propositons) .Ceux qui représentent ,ce sont les politiques ,qui auront tendence ,dans le cas des deux conseils ,à privilégier lintérêt national .

Dans tous les cas ,toutes les directives et tous les règlements n’entrent en application que sur le fondement de la jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés Européennes ,sorte de Cour de cassation et de conseil d’Etat en même temps .C’est donc encore dans un cadre d’expertise technique(juridique et administrative )que se déroule l’implementation des mesures Européennes.( cf Louis Favoreux :La Juridiciarisation du Pouvoir Politique )

 

            2)Un manque dinformation pour les citoyens .

 

    Lopacité des décisions(du moins du processus décisionnel) contredit le principe dinformation des citoyens.De récents sondages montrent une faible connaissance et du système institutionnel et des mesures prises par celui-ci .Ce déficit dinformations laisse la voie libre à la seule institution dotée dune ouverture vers les medias :le conseil Européen des chefs dEtats.On remarquera également un manque dintérêt par les médias pour les évolutions Européennes ,qui préferent se focaliser sur lapplication nationale des directives communautaires et les problèmes entre les institutions et les Etats .On remarquera ,quà part lentrée de la Grande Bretagne et le traité de Maastricht ,il ny eut aucun réferendum (et dailleurs ces deux réferendums ont connu une faible participation électorale ).

 

      C)De plus le Parlement Européen patit dun déficit de légitimité juridique et démocratique .  

 

            1)Juridique .

 

    Puisquil na quun rôle consulatif ,même dans le cas de la codécision qui lui a été accordé lors de lacte unique et élargi dans le traité de Maastricht.

Les seuls pouvoirs du Parlement,ce sont

a)les motions de censure, qui nont jamais été utilisées ,étant donné le discrédit quelles entraineraient sur les institutions communautaires dans leur ensemble (=)cf commission Santer).

b)la mise en place de commissions denquète

c)la consultation…

 

            2)Démocratique .

 

   Etant donné le manque de participation électorale lors des élections Européennes.

Cest bien la méconnaissance des problèmes ,du fait du manque dinformations ,qui entraine labstentionnisme massif des élections Européennes .

De plus le manque d’une bipolarité claire au sein du Parlement et l’association de partis pro Européens et souverainistes ,(voire de ces mêmes tendences dans les mêmes partis du Parlement Européen ),est encore un vecteur d’incompréhension .

 

 

Ces trois problèmes ont pu accréditer la thèse illusoire de l«eurocratie» Bruxelloise ,souvent instrumentalisée dans le cadre national pour réaffirmer la prépondérence des élites du pays .Cependant ,on ne peut nier que la participation des citoyens de lUE fut quasiement inexistante .

 

II)Nice et la convention pour lavenir de lEurope :des solutions de circonstances ?

 

      A)Les réformes commmunautaires de Nice ont eu pour seul objectif dintégrer les pays de lest aux institutions .

 

            1)Quatre réformes principales ont été validées :

la repondération des commissaires nationaux ,la repondération des députés,lélargissement des domaines de la majorité qualifiée et la mise en place des coopérations renforcées pour accroitre la convergence des administrations Européennes .

 

            2)On voit que ces réformes institutionnelles ne touchent en rien laccès des citoyens à lUE et que le pouvoir du Parlement na pas été elargi .De plus on remarquera que ce traité a encore été laissé à la discrétion de la légitimité politique,diplomatique et médiatique des chef dEtats (puisque cest bien en conseil des chefs dEtats ,à huit-clos ,sans réferendum que les décisions ont été prises )et que les citoyens ont été peu informés sur les avancées faites lors de ce traité .

Ce traité nous montre donc que ce nest pas de manière endogène (dans le seul cadre des institutions )que se fera une démocratisation de lUE .Ce nest pas dans le cadre restreind du conseil Européen que le déficit démocratique sera renfloué .

 

      B)la convention pour lAvenir de lEurope :des espoirs de démocratisation à la prise de conscience des résistances .

 

            1)Cette convention semble aller vers la mise en place du principe de subsidiarité .

 

   Celui ci postule quil faut laisser aux autorité les plus proches des citoyens(municipales ,régionales ,étatiques)la capacité dinitiative et de décision ,sauf si cela va à lencontre du principe defficacité.Ex :politique exterieure ,monétaire ,budgétaire ou là ,ce sont les institutions les plus hautes qui doivent décider .

Le principe de subsidiarité serait ainsi un sceau de légitimité démocratique .

 

            2)Cependant de nombreux arguments nous pemettent de relativiser cette démocratisation .

 

    Tout dabord ce semblant dassociation de la société civile ne résiste pas à à un examen approffondi .La coonvention Européenne des étudiants naura cerstainement aucun impact .

Les personnes invitées aux groupes de travail officiels sont des experts (ex de la gouvernance économique ) .

Les membres de la convention sont cooptés .

Les réformes institutionnelles concernent principalement la PESC et la JAI qui sont bien sur des politiques concernant lintergouvernemental et restent bien éloignées des préoccupations de la majorité des citoyens .

A part LCP ,aucun médias ne relate les travaux de la convention.Quant à euronews ,très peu de gens y ont accès .

Le bilan ,en terme de démocratie restera donc certainement mitigé même si cette convention permettra la remise à plat des institutions Européenne et une affirmation au monde de lunité constitutionnelle de lEurope .

De plus ,accroitre la légitimité démocratique de lUE constitue pour les Etats un risque de voir leur propre légitimité démocratique concurencée par une autre entité .

 

      C) Pour démocratiser la légitimité Européenne ,la réforme des institutions ne peut remplacer linformation et lassociation concrète des citoyens au processus décisionnel .

 

            1)Les institutions Européennes en elles-même,par nature éloignées des citoyens (géographiquement ,institutionnellement ,et en terme dinformation juridique ) ,ne seront pas le vecteur de démocratisation .

 

   Cest bien plus par une prise de conscience citoyenne de la nécessité de lEurope pour réguler la mondialisation que viendra sa démocratisation.cest par une meilleure information et par une action sociale de lEurope ,fondé sur les attentes des citoyens que se fera lintégration des citoyens dans lEurope .Il faut d’autre part associer Parlements Européens et nationaux aux propositions de lois et à la détermination du budget et de l’UE.

C’est donc plus par la base (de manière exogène au pure système politique )et non par le sommet et par la seule réforme des institutions que doit se faire la démocratisation .On dira que cette réforme est une condition nécessaire mais pas suffisante pour démocratiser l’Union Européenne .

 

            2)Finalement le débat sur la légitimité démocratique ne fait que suivre le débat sur la pertinence de la représentation à refléter réellement les attentes des citoyens (cf B.Manin).Et si les citoyens ne votent pas ,cest parce quils se sentent pas représentés dans leurs problèmes concrets (faible adéquation entre le discours politique et ces mêmes problèmes concrets).Il faut donc rendre le vote obligatoire dans tous les Etats et habituel le réferendum (avec information) =)cas suisse.

 

            3)la multilevel governance :véritable avancée démocratique ou simple discours pseudo-moderniste à visée legitimatrice ?

 

    Définition :concept nouveau venant des USA(1990-91),définissant les nouveaux rapports nécessaires entre les pouvoirs publics et la société civile.A chaque niveau de décision,les autorités doivent ,selon les principes démocratiques,associer une pluralité dacteurs (associations,citoyens ,lobbies ,opposition ,entreprises…) . La gouvernance multiniveaux implique ainsi une redéfinition des rapports entre public et privé .Elle permet de légitimer,un contournement des Etats dans la définition des politique,en affirmant un surcroit démocratique .Ceux-ci ne seraient plus alors que les appliquants des autorités fédérales .

Cette gouvernance apparaît ainsi plus démocratique ,puisquelle paraît dans une certaine mesure réfèrer à la démocratie Athénienne (à ceci près que les acteurs choisis pour la délibération doivent être compétents et connaître le domaine de la délibération) .

Mais ne permet-elle pas au final à simplement légitimer les actions des autorités ,dans un semblant de participation démocratique ,où tous les acteurs associés n’ont qu’un rôle consultatif.A quand la participation du citoyen anonyme à la délibération ,et à la décision ?

La réussite d’une polyarchie à multiniveaux est un véritable défi.

 

 

 

 

 

En guise de conclusion :Un système Européen .

Une manière de démocratiser le régime Européen ,cest de le façonner à la manière des Etats-nations qui eux sont des démocraties pluralistes .Il faudrait ainsi un gouvernement Européen ,choisit sur la base du rapport de force parlementaire et qui serait responsable devant le Parlement,dirigé par un président du conseil de LUnion (ou un président Européen)chargé de la représentation permenente des intérêts de lUnion(ce pourrait être un ancien président national).

A lheure actuelle ,ce gouvernement nait sur la base dune étroite synergie entre la commission, le conseil (gouvernement dualiste)et les Parlements (Européens et nationaux).Lapplication serait laissé aux autorités subaltèrnes (Etats et régions )qui ,à chaque niveau de décision associeraient autorité ,et société civile ,et multipleraient les réferendums locaux pour définir les modalités d’application dans le respect de la diversité des situations locales .

Louverture se situe donc là :la multilevel governance,qui apparaît nouvelle sera-t-elle le vecteur de la démocratisation de lUnion Européenne ?

 

     

 

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