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Y a-t-il des valeurs universelles ? - Relations internationales - Geopolitique - Les relations culturelles internationales dans la mondialisation

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Y a-t-il des valeurs universelles ?

 

On ne peut manquer d'être saisi par le contraste offert par les célébrations de l'an 2000, alors que les chefs d'Etats et de gouvernement se succédaient à la tribune du "Sommet du Millénaire" de l'ONU pour y apporter leur contribution à une déclaration commune devant célébrer les aspirations et les valeurs communes de l'humanité, et la stupeur causée à la fin de 2001 par les attentats terroristes contre les États-Unis qui donnaient soudain une réalité à la thèse du "choc des civilisations"

Ce dernier ouvrage fut d'ailleurs republié en hâte par plusieurs maisons d'édition, de même que l'essai de Jean-Christophe RUFIN "L'empire et les nouveaux barbares" qui datait de 1991. La question se pose avec la violence de ce contraste : y a-t-il des valeurs universelles ?

 

                Au-delà des slogans politiques qui proclament plus un idéal à atteindre qu'une réalité existante, il semble qu'il faille répondre par la négative : il n'y a pas de valeurs universelles, mais il y a des valeurs dominantes. Leur universalité dépend en fait de la force avec laquelle elles sont imposées, mais celle-ci en est nécessairement artificielle, au moins à quelque degré.

 

I - Il n'y a pas de valeurs universelles.

 

                A) Le thème de l'universalité des valeurs est récurrent en philosophie politique depuis l'antiquité : s'il existe une vérité, elle devrait nécessairement être universelle et immanente, non pas particulière et contingente. Le vrai comme le beau sont en effet des universaux. Et le vrai en matière morale et politique, c'est la définition même de la "valeur". Force est néanmoins de constater qu'on n'a jamais pu s'accorder sur ce qu'était le vrai, au point qu'on a même douté qu'il existât. A l'école idéaliste de Platon, aux idéaux universalistes du moyen âge chrétien a ainsi succédé l'école positiviste qui a rejeté le concept de "loi naturelle" pour ne définir les valeurs politiques qu'en référence aux choix d'une souveraineté populaire nécessairement fluctuante.  Les dernières conséquences en ont été atteintes avec les idéologies libérale, marxiste, nazie etc. qui toutes se prétendaient porteuses de valeurs devant régir le monde entier.

 

                B) C'est en réaction à la faillite de ces conceptions positivistes qu'en 1945 on a essayé de définir des valeurs universelles dans le domaine du politique avec la Charte des Nations Unies, affirmant des valeurs comme le rejet de la guerre d'agression, le principe du règlement pacifique des différends, l'égalité souveraine des Etats, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes etc. et prolongée par la "Déclaration universelle des droits de l'homme". Cette déclaration n'a cependant d'universelle que le nom. Certains l'ont toujours refusée (par ex : l'Arabie saoudite, membre fondateur de l'ONU) et la plupart des Etats qui forment la communauté internationale (plus de 130 sur les 189 membres actuels de l'ONU) n'existaient pas en 1948. La DUDH est en fait combattue plus qu'adaptée par des déclarations "régionales" des droits de l'homme ("Charte africaine des droits de l'homme et des peuples", 1986; "Déclaration américaine des droits et des devoirs de l'homme" 1948) voire idéologique : déclaration des droits et devoirs socialistes de l'homme, dans l'ancien camp soviétique; déclaration islamique des droits de l'homme plus récemment. Si la DUDH était véritablement universelle, même la Convention européenne des droits de l'homme n'aurait pas lieu d'être. Autrefois les pays communistes opposaient leurs "libertés réelles" aux "libertés formelles" des pays de démocratie libérale, aujourd'hui plus d'un pays asiatique ou d'islam oppose sa tradition religieuse ou sociale aux valeurs d'un Occident considéré comme décadent. A coté des "démocraties libérales" il existe aussi des "démocratie non libérales" qui revendiquent hautement leur droit à l'existence en tant que telles (certains pays asiatiques en particulier).

 

                C) dans le domaine économique, il n'y a pas davantage de valeurs universelles. Si les économies centralisées ont généralement cessé d'exister, il serait abusif de dire que le système économique/social en vigueur aux États-Unis est le même que celui qui est appliqué en Chine ou même en Suède ou en Allemagne. Au sein même de l'Europe, la "démocratie sociale de marché", qui n'est pas le modèle américain, ne fait pas l'unanimité.

 

II - Et cependant il y a des valeurs dominantes.

 

                A) Plus personne, pas même son auteur, ne défend aujourd'hui la thèse selon laquelle la période qui s'est ouverte en 1989 serait "la fin de l'histoire" avec la généralisation des valeurs de la démocratie libérale. Cependant on ne peut nier que Francis Fukuyama a raison de souligner qu'il n'existe pas d'alternative à ce système dans le monde actuel. Même un pays officiellement communiste comme la Chine a été obligée de demander son adhésion à l'OMC et de devenir en pratique un pays capitaliste, en attendant une probable libéralisation politique. Les valeurs occidentales sont désormais dominantes, comme au temps qui a précédé l'apparition de la vulgate marxiste : il n'y pas de système capable d'entrer en compétition avec ce système. Plus intéressante à cet égard est la thèse de Jean-Christophe Rufin : face à l'"Empire" du Nord -essentiellement américain- campé sur des valeurs qu'il prétend universelles, le Sud deshérité, où la dictature et la guerre civile peuvent se donner libre cours, figure la "nouvelle barbarie" où ces valeurs n'ont pas cours. Tout au plus servent-elles de justification à un "droit d'ingérence" opportunément  mis en oeuvre quand des régions périphériques représentant un intérêt stratégique pour l'Empire (Ex-Yougoslavie e.g) ou plus lointaines mais représentant pour lui un intérêt économique essentiel (Iraq) sont agitées de troubles portant atteinte aux intérêts "impériaux".

 

                B) l'islamisme, qui se présente en principe comme un modèle alternatif à la démocratie libérale, au moins pour les populations traditionnellement musulmanes est en fait un piètre adversaire. Il est à présent confiné à quelques groupes terroristes ou à quelques populations traumatisées auxquelles il sert de bannière, mais qu'il n'organise pas vraiment en sociétés cohérentes (le Pakistan est loin d'être un exemple à cet égard). Comme l'a noté G. KEPEL ("Ascension et déclin de l'islamisme") depuis 1979 aucun régime islamiste n'a pu se maintenir durablement ou pouvoir. Au demeurant les régimes islamiques se fondent dans la norme capitaliste (exemple de l'Arabie saoudite) qui est en elle-même porteuse d'un modèle politique libéral : la liberté des choix économiques emporte tôt ou tard celle des choix politiques. Libéralisation économique et politique ont toujours été historiquement de pair, quoique pas toujours au même rythme.

 

                C- les valeurs dominantes ne sont que superficiellement universelles. Elles ne le sont que pour autant qu'elles peuvent continuer à s'imposer. La "civilisation" au sens où l'entendaient les puissances européennes qui usaient de ce drapeau (le "fardeau de l'homme blanc") pour coloniser le reste du monde, n'a été une valeur universelle que jusqu'à l'époque des deux guerres mondiales qui a ruiné cette prétention. Le capitalisme lui-même et la démocratie libérale ont été un temps discréditées, y compris parmi les intellectuels des pays occidentaux, par la grande crise de 1929 qui en a poussé le plus grand nombre à se rallier au fascisme ou au communisme : un intellectuel libéral dans les années 1930 était une exception. Mais pour l'heure, rien ne semble pouvoir remettre en cause la domination des valeurs de la démocratie libérale et capitaliste. Cela ne signifie pas pour autant un universalisme "intrinsèque".

 

Conclusion : au-delà de la discussion sur l'existence ou non de valeurs universelles, il faut se demander à quoi sert ce concept. L'expérience historique indique qu'il s'agit généralement plus d'une ambition que d'une réalité. Si une Eglise a pu se définir comme "catholique" (c'est-à-dire universelle) c'était surtout pour délégitimiser toutes les autres formes religieuses. Si l'Europe s'est faite un temps le héraut de "la Civilisation", c'était notamment pour justifier son impérialisme.  L'universalisme des valeurs réclamé aujourd'hui par certains en occident est surtout vu par les autres comme la justification  d'un "droit d'ingérence" voire d'une mise en tutelle. Tout empire rêve d'être universel : il s'ensuit que tout universalisme a tendance à l'impérialisme. Peut-être la seule valeur véritablement universelle est-elle la volonté de puissance. Mais est-ce une valeur ? Les rapports de force et d'intérêts continuent à structurer les relations internationales de manière beaucoup plus certaines que les idéaux et les valeurs morales ou politiques.

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