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La politique extérieure de la Chine - Relations internationales - Geopolitique - Les politiques extérieures des Etats

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La politique extérieure de la Chine

 

Depuis le début du XIXème siècle, la Chine vit un paradoxe sur le plan international : pays le plus peuplé du monde, et aussi l'un des plus vastes, porteur d'une des plus anciennes et des plus riches cultures qui soient, elle a compté pour rien ou peu s'en faut jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, son rôle étant pratiquement réduit à celui de la proie que se disputaient divers impérialismes.

Si cette période d'humiliations a pris fin lorsqu'à partir de 1949 le pays fut pris sous l'aile soviétique et plus encore lorsqu'il devint puissance nucléaire en 1964, et désormais émancipé de la tutelle de l'URSS, et alors même qu'en 1970 le gouvernement de la République populaire de Chine se voyait reconnaître comme le représentant légitime du pays avec droit à un siège permanent au Conseil de Sécurité, il convient d'observer  qu'il a toujours observé un profil extrêmement bas sur toutes les affaires internationales ne le concernant pas directement. Cette discrétion pousse à se poser une question quelque peu irrévérencieuse s'agissant d'un pays et d'un peuple aussi considérables : la Chine compte-t-elle pour quelque chose dans les relations internationales ?

 

A cet égard il apparaît que  s'il est exact que la Chine observe un profil bas sur les affaires internationales, essentiellement à cause de la faiblesse de ses moyens mais aussi de son manque d'intérêt pour le reste du monde, c'est en revanche un pays intraitable sur les questions touchant à son "étranger proche" domaine dans lequel il cherche moins à compter pour quelque chose qu'à occuper toute la place disponible ou peu s'en faut remettant ainsi en cause à terme la stabilité dans la région

 

I - Un profil  bas dû à des moyens modestes et à un certain désintérêt pour le reste du monde

 

            A- En matière économique, la Chine est une "grande puissance virtuelle"

 

            - le marché chinois, sur lequel reposent tant d'espoirs est un marché en fait très restreint du fait de la grande pauvreté qui est -en moyenne- le lot des Chinois. Seules quelques régions de la Chine peuvent être dites intégrées dans les marchés mondiaux.

            - en matière de PNB, la Chine se situe actuellement quelque part entre le Brésil et l'Italie : puissance respectable, mais nullement déterminante.  Les chiffres du PNB/tête sont encore plus aflfligeants, qui placent la Chine entre la Géorgie et la Papouasie/Nouvelle-Guinée. Alors que le pays représentait sans doute un tiers du PNB mondial en 1800, elle n'en représente pas 4% aujourd'hui. Le pays ne représente que 3% du commerce mondial, une performance inférieure à celle des Pays-Bas et tout juste supérieure à celle de la Corée du Sud..

            - les chiffres de la croissance économique chinoise sont peu fiables. Il faudrait tenir compte de ce qu'une partie concerne la construction d'infrastructure et qu'une partie importante concerne des productions non commercialisables étant donné leur mauvaise qualité.

            - on fait souvent valoir que la Chine est la deuxième destination mondiale, après les Etats-Unis pour l'investissement étranger direct. C'est exact, mais il faut dire que la moitié des sommes en questions proviennent de la diaspora chinoise, y compris de Taiwan qui aux yeux de Pékin fait partie de la Chine. En fait l'essentiel de l'investissement étranger direct (60%) se fait entre pays développés. La Chine n'a dans ce domaine aussi  qu'une importance marginale.

            La Chine est dans le monde un acteur économique certes non négligeable, mais mineur. Le fait qu'elle n'ait pas été atteinte par la crise asiatique de 1997 montre moins sa solidité que le fait qu'elle n'est pas vraiment intégrée à l'économie globale.

 

            B- en matière militaire : le dragon aux pieds d'argile ?

 

            - en matière militaire la Chine ne peut effrayer que ses voisins non-asiatiques : la vente de quelques missiles nucléaires aux Philippines serait suffisant pour bouleverser l'équilibre stratégique de la région.

            - les millions d'hommes de l'armée populaire de libération ne peuvent être comptés pour une force militaire efficace : ils sont mal entraînés et pourvus d'un armement vétuste.

            - le poids stratégique de la Chine est remarquable seulement en ceci : la Chine n'est pas envahissable à cause de sa masse, et elle souhaite visiblement modifier le statu quo stratégique en Asie. Mais pour l'heure elle n'en a pas la possibilité. La Chine est plutôt au niveau de l'Irak des années 1990 qu'à celui de l'URSS des années 1950 en termes militaires. Dans le monde des ventes de matériel militaire, la Chine compte pour 2,2% et le Royaume-Uni pour 18% (les Etats-Unis pour 50%). Le problème est plutôt que les clients de la Chine sont des dangers pour l'ordre international (notamment le Pakistan, qui lui doit son programme nucléaire pour partie).

            La Chine peut être dans le pire des cas une nuisance, mais pas un véritable danger, même en Corée du Nord ou on se rend compte que ses intérêts ne sont pas éloignés de ceux des Etats-Unis : que ce soit sur le Kosovo ou sur l'Iraq elle ne peut s'opposer à rien et ne s'oppose à rien.

 

            C- Politiquement, la Chine est un non-acteur

 

            - la Chine ne participe à la résolution d'aucun problème international qui ne la concerne pas (par exemple, elle est le seul pays à s'être abstenu quand le Conseil de Sécurité a voté le recours à la force contre l'Irak suite à son invasion du Koweit : tous les autres avaient voté "pour" ou "contre").

            - la Chine refuse en fait tout ordre international qui supposerait que sa souveraineté soit liée à des disciplines collective. La Chine estime qu'elle n'a pas besoin de partenaires. Fidèle en cela au concept d'"empire du milieu" elle se pense comme un monde en elle-même qui doit surtout se soucier de se garder hors d'atteinte du reste du monde.

            - même en termes culturels, la Chine compte moins que l'Afrique qui au moins exporte de la musique, et des arts plastiques. La culture chinoise est certes fort riche, mais n'est connue que des spécialistes et n'interfère pas avec la culture globale : Singapour est plus important que la Chine dans ce domaine.

            - dans le domaine politique, la Chine est l'acteur d'un théâtre d'ombres : elle joue sur l'ombre portée de sa superficie et de sa démographie, mais ces données ne se traduisent pas immédiatement en puissance politique comme tout le XIXème siècle et même le XXème siècle l'ont montré en ce qui la concerne. Et cette ombre portée est sans doute très supérieure à la réalité des faits.

 

 

II - En revanche, sur les sujets qui l'intéressent directement, la Chine n'est pas un "tigre de papier"

 

            A- Une mobilisation de moyens, même disproportionnés, pour atteindre ses objectifs

 

            Tout se passe comme si la Chine, qui lassait se faire sans réagir les opérations les plus importantes (par exemple la guerre de 1991 contre l'Irak) sans réagir, mobilisait l'ensemble de ses moyens, y compris pour des faits d'importance mineure : par exemple un des 5 vetos chinois au Conseil de Sécurité depuis qu'elle en fait partie a été pour empêcher le renouvellement de la force des Nations-Unies en Macédoine, à laquelle elle ne prêtait aucune attention : mais il s'agissait de punir ce pays d'avoir ouvert des relations diplomatiques avec Taiwan. De même elle ne s'est mobilisée sur l'affaire du Libéria contre Charles TAYLOR que parce que celui-ci entretenait des relations avec les milieux d'affaires taiwanais. La Chine en matière internationale ou bien reste immobile, ou bien mobilise tout ce qu'elle peut sur les objectifs limités qui l'intéressent.

 

            B- Une politique étrangère qui ne renonce pas à la guerre ni à la menace de la guerre.

 

            La Chine a déjà recouru plusieurs fois à la guerre depuis 1949 : au Tibet en 1950, contre l'Inde en 1962, contre le Vietnam en 1979 et a failli se retrouver en guerre contre les Etats-Unis dans l'affaire de Corée. Elle fait preuve d'un nationalisme agressif.

 

            A plusieurs reprises la Chine a pris des postures qui auraient pu mener à la guerre : Mao-Tsé-Toung qualifiait Krouchtchev de "capitulard" parce qu'il avait cédé aux Etats-Unis dans la crise des missiles de Cuba en 1962 et considérait durant la guerre du Vietnam que les Etats-Unis étaient un "tigre de papier". Le réalisme politique consista pour l'URSS a rappeler à la Chine que "le tigre a des dents atomiques".

 

            En 1996, la Chine est allée jusqu'à tirer des missiles dans le détroit de Taiwan pour faire pression sur l'île rebelle dont la campagne présidentielle touchait au thème d'une possible déclaration d'indépendance. Elle a d'ailleurs toujours dit qu'une déclaration d'indépendance de Taiwan, se déclarant un Etat distinct de la Chine constituerait un "casus belli".

 

            C- Une indifférence souveraine à l'égard des pressions extérieures.

 

            La Chine est totalement indifférente aux pressions de l'opinion publique. Outre que son opinion publique interne a toujours été muselée depuis 1949, elle n'accorde aucun poids à l'opinion publique internationale  : le cas le plus clair est la questions des droits de l'homme. Après la répression de la place Tienan'men en 1989, la Chine a subi sans broncher pratiquement dix ans de boycott international sans à aucun moment revenir sur sa politique dans la matière. De même, malgré l'indignation internationale que provoque sa répression du mouvement Falungong, qui touche à la question de la liberté de conscience, la Chine refuse même que la question soit évoquée lors des contacts bilatéraux qu'elle a avec d'autres Etats.

           

En ceci la Chine populaire est bien l'héritière de l'ancien  "empire du Milieu" : elle considère qu'elle a moins besoin du monde extérieur que le monde extérieur n'a besoin d'elle et ne se sent donc jamais obligée de faire des concessions. La diplomatie chinoise partage avec celle du Saint-Siège cette conviction que le temps joue en sa faveur et que ce qui lui est refusé aujourd'hui lui sera accordé demain : cela lui donne une patience qui la dispense de céder sur les principes auxquels elle tient.

 

Conclusion

 

La Chine ne peut être tenue pour une puissance négligeable, en revanche elle est loin d'être l'acteur majeur des relations internationales prédit au moins depuis Napoléon ("Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera"). Elle borne pour l'heure ses intérêts à la région du monde qui l'entoure et dont elle estime qu'elle a vocation à la dominer. C'est un intérêt limité, mais dans cette zone géographique, la Chine n'est pas une puissance du statu quo (ce que sont les Etats-Unis), mais une puissance révisionniste qui estime qu'on ne lui fait pas la place qui lui revient en Asie du sud-est. En cela la Chine est une puissance qui compte et une perturbatrice potentielle de l'ordre international, avec ce qu'implique le poids spécifique qui est le sien pour ce qui concerne l'importance des perturbations qu'elle pourrait causer.

 

 

La Chine, les Nations Unies et le multilatéralisme

Situation et perspectives

 

 

 

1/ - Le multilatéralisme et l’« Empire du Milieu »

 

- Depuis 1949, la République populaire de Chine a, pour les questions qui concernent son environnement géographique immédiat - « l’espace chinois » ou les voisins immédiats -, agi en dehors de cadres ou procédures multilatéraux compte tenu de son poids spécifique et de sa situation géopolitique : Tibet (annexion en 1951), Corée (guerre en 1950/51), Inde (guerre en 1963 et différend territorial), Taiwan, Vietnam (guerre en 1979), Mer de Chine méridionale (différend au sujet des Spratleys et Paracels), Hong Kong et Macao (récupération de ces territoires). Sur les affaires stratégiques, elle a longtemps privilégié les relations bilatérales, notamment avec les deux superpuissances de la guerre froide (Etats-Unis et Union soviétique).

 

- Son actuel attachement à la multipolarité s’explique plus par la crainte viscérale de l’unilatéralisme et l’« hyperpuissance » américaine ou d’un « directoire » (G8) dont elle serait exclue, que par le souci de compenser une faiblesse structurelle ou temporaire (elle pèse un cinquième de l’humanité et son potentiel économique est immense). Le multilatéralisme n’a donc pas de vertu ou de valeur en soi mais peut être utile. Cet intérêt a d’ailleurs coïncidé avec le développement des relations avec un certain nombre de puissances et de sous-ensembles régionaux puis avec la participation à des enceintes multilatérales régionales.

 

- Ainsi, au fur et à mesure du développement de ses capacités économiques et de ses ambitions politiques, la Chine trouve toutefois un intérêt au multilatéralisme; notamment aux Nations Unies, parce qu’il :

 

- peut constituer un contrepoids à l’unilatéralisme des Etats-Unis ;

- offre une possibilité de défendre ses principes et ses intérêts, en recherchant des alliances ;

- correspond à une dimension et une conscience nouvelles de la place et du rôle de la Chine dans les affaires internationales.

Il est notable de constater depuis plusieurs années un discours beaucoup plus favorable aux Nations Unies, en particulier à l’égard du Conseil de sécurité, même si, en pratique, cette ouverture vers le multilatéralisme demeure encore très proportionnel aux intérêts directs de la Chine.

 

- La Chine se présente comme un acteur responsable et à part entière.

         . Responsable, ce qui se traduit par un discours toujours mesuré dans sa tonalité, que ce soit sur les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales, d’environnement (par exemple, bien que ne faisant pas partie du groupe 1 du protocole de Kyoto, elle dit prendre des mesures nationales de réduction des émissions de gaz carbonique), d’aide au développement (la Chine veut la préservation de l’APD tout en faisant appel aux investissements étrangers directs).

         . A part entière : même si la Chine n’est souvent pas très active, elle veut être reconnue comme un partenaire, notamment des pays occidentaux, dans les domaines tant politiques qu’économiques. Elle est présente dans presque toutes les instances. Même si elle se joint souvent à la position de groupes plus larges (G77, non-alignés), elle fait toujours entendre sa voix.

 

2/ Principes et pragmatisme

 

2.1 Un fort attachement à un certain nombre de principes dans les relations internationales.

- La Chine continue de prôner les principes de la coexistence pacifique : respect de la souveraineté, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale ; règlement pacifique des différends :primauté du dialogue politique ; non-ingérence dans les affaires intérieures ; libre choix du régime économique et social. Elle fait une lecture plutôt conservatrice de la Charte des Nations Unies, en particulier de ses buts et principes (articles 1 et 2).

 

- Dans les domaines de la paix et de la sécurité internationales, en particulier au Conseil de sécurité, la Chine rappelle ces principes qui doivent guider l’action de la communauté internationale et met l’accent sur la souveraineté des Etats et les conséquences que ceci implique:

         . voies politiques et de la négociation systématiquement privilégiées par rapport aux solutions de force (cf. attitude dans l’affaire irakienne) ;

         . attention systématique aux vues des « pays de la région » ;

         . réflexion « légitimiste », c’est à dire la défense des gouvernements en place, quels que soient leur légitimité démocratique ou leur comportement au regard des normes internationales (cf. attitude à l’égard de la RFY de Milosevic) ;

         . accord du gouvernement concerné indispensable pour déployer une opération de maintien de la paix ;

         . position restrictive sur le problème des petites armes et sur la distinction entre commerce et trafics de matières premières (cf. à cet égard la position « légaliste » à l’égard du mandat du panel sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC) ;

         . les sanctions décidées par le Conseil de sécurité doivent être utilisées avec parcimonie, en prenant dûment en compte les effets sur les populations et les Etats tiers et en s’entourant de nécessaires précautions (durée limitée, révisions périodiques, évaluation préalable de l’impact, etc.) car elles sont un instrument de dernier ressort (juste avant l’emploi de la force armée) pour assurer la paix et la sécurité internationales, non pour appliquer une sorte de « morale » internationale ;

         . réserve de principe à l’égard des tribunaux pénaux internationaux.

 

En outre, la Chine souhaite voir le Conseil de sécurité se cantonner aux compétences que lui confie la Charte et éviter qu’il n’en ait une acception de plus en plus élargie, de la consolidation de la paix (cf. réserves de la Chine à l’égard des missions de police à Haïti) à la prévention des conflits si ceci signifie une plus grande ingérence dans les affaires intérieures.

 

- Dans les domaines économiques et sociaux, en particulier à l’Assemblée générale, elle met l’accent sur les droits économiques et sociaux et le droit au développement et sur les questions de lutte contre la pauvreté et les inégalités, y compris sous l’angle de la lutte contre les causes profondes des conflits.

 

- Elle a une conception restrictive en matière de surveillance internationale des droits de l’homme. Au Conseil de sécurité, elle est très réservée à l’égard d’une prise en compte de la dimension droits de l’homme dans les questions de paix et de sécurité et rejette la notion d’« intervention humanitaire » comme attentatoire à la souveraineté des Etats. A la Commission des droits de l’homme, elle s’abstient ou vote contre 80 % des résolutions-pays.

 

2.2. Ces positions de principes n’empêchent pas un assez grand pragmatisme dans le traitement des problèmes dans la mesure où les principaux fondamentaux ne sont pas mis en cause.

 

- La Chine accepte ainsi que le Conseil de sécurité :

. traite des conflits internes qui constituent la majorité de son ordre du jour ;

. donne son aval - ou au moins son nihil obstat - à des opérations de rétablissement de la paix (Haïti, Somali, Timor-est) conduites par des forces multinationales ;

. est favorable en principe au déploiement d’observateurs internationaux dans les territoires palestiniens même sans accord exprès d’Israël (à noter que dans ces deux derniers cas, le principe de la souveraineté étatique n’est pas violé dans la mesure où la communauté internationale n’a pas reconnu l’annexion de Timor-est par l’Indonésie ni admis l’occupation depuis 1967 des territoires palestiniens par Israël) ;

. crée des opérations qui comportent l’exercice par la communauté internationale de l’essentiel des prérogatives étatiques (cf. Cambodge, Slavonie orientale, Kosovo, Timor-est);

. prenne en compte la dimension droits de l’homme dans les conflits (audition du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, demandes faites aux Etats parties à des conflits de respecter les droits de l’homme, présence de composantes droits de l’homme dans les opérations de maintien de la  paix) ;

. traite des questions thématiques et adopte des textes sur des sujets qu’elle n’aime guère telles que la protection des civils dans les conflits armés.

 

Sur la question du terrorisme, la Chine s’est montrée très pragmatique et a rejoint la « coalition » parce que consciente de la communauté d’intérêts avec les Etats-Unis et des avantages qu’elle pourrait y trouver :

. la résolution 1368, très hardie sur le plan juridique, a été adoptée sans que la délégation chinoise ait eu le temps de consulter Pékin ;

. la Chine n’a pas objecté à l’engagement d’opérations militaires par les Etats-Unis contre les Taleban et Al Qaida ;

. la Chine a été très coopérative pour adopter la résolution 1373, également très innovante (transformer des dispositions conventionnelles facultatives en obligations immédiates et universelles) ;

. la Chine s’est montrée disposée à participer à, et développer, la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.

 

- Dans le domaine des droits de l’homme, la Chine essaie de faire bonne figure tout en cherchant à minimiser les contraintes pour elle-même. Elle a adhéré à la plupart des grandes conventions internationales en la matière (Pacte sur les droits économiques, sociaux et culturels - bien qu’à la suite d’une pression internationale -, conventions contre la torture, sur les droits de l’enfant, sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, sur l’élimination de la discrimination raciale), mais reste pour l’instant en dehors du Pacte sur les droits civils et politiques (signé mais non ratifié) qui pourrait gêner la conception que le régime a de l’ordre politique interne. Elle a engagé une coopération avec différents organes des Nations Unies en matière de droits de l’homme (rapporteur spécial, Haut Commissaire, etc).

 

- Dans le domaine économique, la Chine fait preuve d’un grand pragmatisme pour ce qui concerne les activités des fonds et programmes des Nations Unies et a su instrumentaliser au mieux les sources de financement multilatérales.

 

2.3. Les lignes rouges des intérêts vitaux

 

Le pragmatisme sur les principes se meut en rigidité totale dès que sont concernés ses intérêts vitaux, ceux du premier cercle (Taiwan ; situation intérieure, notamment droits de l’homme et Tibet) :

 

- Au Conseil de sécurité :

         . les rares vetos de la RPC (5 depuis 1971) ont toujours été motivés par le problème de Taiwan - le dernier en date (février 1999) contre le renouvellement de la FORDEPRENU, a été justifié officiellement parce que cette mission avait perdu toute raison d’être, mais a été provoqué par la décision prise quelques semaines plus tôt par les autorités de Skopje d’établir des relations diplomatiques avec Taiwan.

         . L’attitude de la Chine à l’égard d’un pays en crise peut être conditionnée par sa position à l’égard de Taiwan : c’est ainsi qu’elle a été plutôt favorable à l’égard du Liberia de Charles Taylor qui a de bonnes relations avec Taipeh ; l’engagement des Nations Unies en RCA - déploiement de la MINURCA en relève de la MISAB - a été l’occasion pour Pékin d’obtenir un changement de position des autorités de Bangui qui ont dû rompre avec Taipeh et renouer avec la RPC ; son attitude à l’égard de Haïti était influencée par l’existence de relations entre Port-au-Prince et Taipeh.

 

- A la Commission des droits de l’homme, la résolution qui la concerne déplaît profondément à la Chine et celle-ci déploie beaucoup d’efforts pour la contrer. Elle est alors capable de mener une campagne très énergique.

 

- La Chine est membre du Comité des ONG (organe subsidiaire du Conseil économique et social). Elle s’y emploie à faire barrage aux ONG qui lui sont hostiles (elle a ainsi réussi à obtenir que l’ONG Human Rights in China n’obtienne pas le statut consultatif mais pas pour deux ONG s’intéressant au Tibet).

 

2.4. La crainte de l’unilatéralisme.

 

Ralliée aux vertus du multilatéralisme, la Chine s’inquiète des dérives unilatéralistes, en particulier dans les affaires relevant de la compétence du Conseil de sécurité, et de la tentation américaine de contourner celui-ci :

- critique des actions militaires américaines en dehors de toute autorisation expresse du Conseil de sécurité (cf. Soudan et Afghanistan en 1998 ; Iraq en décembre 1998) ;

- profond malaise provoqué par l'action entreprise par l'OTAN contre la RFY de mars à juin 1999, exacerbée par le bombardements accidentel de l'ambassade chinoise à Belgrade en mai ;

- grande prudence chinoise dans l'affaire de Timor-est en septembre 1999, avec le souci de ménager l'Indonésie pressée par les Occidentaux d'accepter l'intervention d'une force multi-nationale chargée de rétablir la paix et la sécurité dans l'île ravagée par les milices pro-intégrationnistes ;

- de façon plus diffuse, inquiétude à l'égard de la propension de l'Union européenne et des Etats-Unis à faire des Balkans une « chasse-gardée », étant donné la tendance, observée depuis 1995, qui voit les Nations Unies en général et le Conseil de sécurité en particulier marginalisés dans les gestions de crise successives (cf. Kosovo, Serbie du sud, Macédoine).

 

3/ De l'indifférence à l'engagement

 

3.1. Le « benign neglect »

 

- Au Conseil de sécurité, la Chine est vigilante mais souvent peu active :

         . elle ne participe actuellement à aucun groupe d'amis sur les affaires traitées par le Conseil de sécurité, à l'exception du P5 (cf. infra). Le seul exemple récent d'un engagement particulier était l'affaire du Cambodge ;

          elle n'a souvent pas d'intérêts propres ni de vision originale, au-delà d'un rappel des principes (cf. supra) ;

          elle « laisse faire » et se montre coopérative dans le traitement de beaucoup d'affaires où d'autres pays ou groupes de pays se montrent entreprenants ;

          elle exprime un soutien de principe aux positions des non-alignés (en particulier à leurs initiatives sur le Proche-orient) sans toutefois être très active à leurs côtés.

 

- A la Commission des droits de l'homme, elle n'est pas active, sauf sur la résolution qui la concerne. A la Conférence de Durban sur le racisme, elle a été quasi absente des débats.

 

- Dans les négociations multilatérales dans le domaine économique, la Chine s'associe traditionnellement aux discours du G77 et intervient généralement en appui de ces discours en adoptant une ligne correspondant à la frange la plus modérée du G77 mais la plupart du temps elle n'est pas un des acteurs majeurs de ces discussions ni une force de propositions.

 

 

 

3.2. Un engagement croissant

 

- Dans les affaires relevant du Conseil de sécurité, il convient de relever :

         .une participation nouvelle quoiqu'encore limitée dans les OMP : au total une cinquantaine d'observateurs militaires et de policiers dans plusieurs opérations (MINURSO, MONUIK, ATNUTO, MONUC, MINUSIL, ONUST) ;

          .une participation aux exercices dans le cadre du programme RECAMP (« Tanzanite ») ;

          .une autonomie d'action sur le dossier irakien : d'habitude attentiste et suiviste à l'égard de la Russie, la Chine s'est, depuis juin 2001, montrée plus active dans les discussions au sein du P5 (ralliement dès juin au concept de « GRL » alors que la Russie y objectait encore).

 

- Dans le domaine budgétaire, la Chine accepte des responsabilités plus importantes - augmentation de sa contribution aux barèmes des budgets ordinaires (+55 %) et de maintien de la paix (de 0,995 % à 1,541 %) à l'automne 2000 -, à la mesure du développement de son économie et de sa place dans le monde.

 

- Son admission à l'OMC (décembre 2001) témoigne de son intégration aux négociations commerciales internationales et du rôle qu'elle entend désormais y jouer.

 

- Enfin elle accueille depuis plusieurs années des manifestations internationales (Conférence de Pékin sur les femmes en 1995, assemblée générale de l'OMT en 2005, Jeux olympiques en 2008, Shanghai est candidate pour l'exposition universelle de 2010), à la mesure de son ouverture vers le monde et pour avoir un profil international à la mesure de sa taille et de ses ambitions.

 

3.3. La préservation voire le renforcement de ses positions institutionnelles

 

On a vu que la Chine, faute d'y être souvent active, entendait toutefois être présente dans la plupart des instances multilatérales. Elle cherche à préserver, voire renforcer sa position et son influence afin de mieux défendre ses intérêts. C'est particulièrement patent dans le domaine de la paix et de la sécurité.

 

- Un grand conservatisme à l'égard de la réforme du Conseil de sécurité.

La Chine est :

         . favorable - en principe - à l'élargissement dans la seule catégorie des membres non-permanents, mais hostile à de nouveaux membres permanents - surtout Japon et Inde qui sont ses deux concurrents stratégiques en Asie -, ce qui ne contribue pas à débloquer l'affaire ;

         . attachée aux prérogatives des membres permanents (veto) et peu disposée à prendre des engagements de retenue dans l'exercice de ce droit (notamment sur la question du recours à la force en cas de violations massives du droit humanitaire international) afin de conserver ce verrou indispensable de la souveraineté d'une grande puissance ;

         . au contraire assez peu allante dans la réforme des méthodes de travail du Conseil (transparence, partenariat avec les TCC, collaboration avec les autres instances onusiennes ou IFIs) même si elle se joint au consensus.

 

- La Chine manifeste depuis quelque temps un intérêts renouvelé pour le P5

         . Elle a été à l'initiative du premier sommet du P5 (en septembre 2000, en marge de l'assemblée du millénaire) ;

         . elle est favorable à un accroissement de la concertation entre les 5 membres permanents sur les principaux sujets dont traite le Conseil (non seulement Iraq et Chypre- sujets traditionnels pour le P5 - mais aussi récemment Afghanistan, terrorisme, sanctions, etc.).

Il y a plusieurs raisons à cette tendance :

         . contrebalancer le G8 dont elle n'est pas et qui tend à être une instance de concertation sur nombre de questions traitées au Conseil (prévention des conflits, questions régionales, etc.) ;

         . en mettant en avant le rôle du P5, la Chine souhaite que le Conseil de sécurité demeure le centre de décision en matière de gestion de crises afin d'éviter une dérive vers l'unilatéralisme américain ou le compartimentage régional.

 

Conclusion

 

La Chine a une position ambivalente à l'égard du multilatéralisme et des Nations Unies : elle a une approche conservatrice de « règles du jeu » (importance de la souveraineté de l'Etat, réserve à l'égard de l'établissement et de la consolidation de normes internationales de comportement , attitude passive dans beaucoup de négociations multilatérales) mais en même temps elle comprend le bénéfice qu'elle peut tirer d'une participation plus active (défense de ses intérêts dans le contexte d'une ouverture rapide de la Chine au monde extérieur, contrepoids à l'influence prépondérante des Etats-Unis). Elle manifeste une solidarité avec les pays en développement (G77, non-alignés) tout en demeurant très attachée à son statut de grande puissance (membre permanent du Conseil de sécurité). Dans un mouvement dialectique, plus la Chine fait partie du jeu, plus elle doit en accepter les règles. C'est dans l'intérêt bien senti de l'Occident d'encourager un tel mouvement et de faire de la Chine un véritable partenaire dans le réseau d'institutions, normes et procédures internationales./.

 

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