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Y a-t-il toujours une politique africaine de la France ? - Relations internationales - Geopolitique - Les politiques extérieures des Etats

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Y a-t-il toujours une politique africaine de la France ?

 

Le concept de « politique africaine de la France » peut revendiquer sa source pendant la dernière guerre mondiale, avec le discours de Brazzaville du général de Gaulle, qui trouva sa concrétisation dans le projet d’Union Française inscrite dans la constitution de 1958. Celle-ci ayant été rendue impraticable du fait de la décolonisation, et notamment de celle de l’Afrique en 1960, la France eut une pratique sinon une politique dite du « pré carré ».

On considérait l’ancien empire français d’Afrique comme une sorte de domaine réservé, d’autant plus que dans le cadre de la guerre froide, la lutte contre le communisme en Afrique était pratiquement sous-traité par les Etats-Unis aux anciennes puissances coloniales. Néanmoins tant l’évolution économique ( crise qui, à partir de 1973 ne permettait plus d’envisager une action « à fonds perdus » en Afrique aussi généreuse que par le passé) que politique (fin de la guerre froide qui faisait perdre à l’Afrique tout caractère stratégique, intégration européenne qui incitait les métropoles à se recentrer sur le continent européen plus qu’à rechercher des moyens d’influence mondiale dans leurs anciens empires) ont amené une profonde quoique lente réorientation de la politique africaine de la France. Celle-ci néanmoins a pu paraître timorée voire contradictoire au point qu’on peut se poser la question : y a-t-il toujours une politique africaine de la France ?

 

A cette question il faut répondre positivement, non cependant sans  souligner les conséquences de l’évolution qui vient d’être rapidement rappelée : la politique africaine de la France ne peut plus être ce qu’elle était lors de son élaboration en 1960, une politique du « pré carré ».

 

I – la politique du « pré carré » ne convient plus, car elle servait des intérêts qui soit ont disparu, soit n’ont plus le même relief que par le passé

 

A. un intérêt qui a disparu : la guerre froide

 

L’Afrique a paru, au début des années 1960 devoir être un champ ouvert à la compétition de la guerre froide. La prise de distance par rapport aux anciens colonisateurs s’appuyant en principe sur l’URSS (Sékou Touré en Guinée, Nasser en Egypte) qui appuyait en outre tous les régimes pouvant mettre en difficulté le camp occidental (par exemple : l’Afrique du Sud de l’apartheid représentant tout de même un important réservoir de matériaux stratégiques, elle était soutenue quoi qu’en sous-main par les Etats-Unis et encerclés par des régimes s’appuyant sur l’URSS. La corne de l’Afrique (avec le renversement des alliances Ethiopie/Somalie) et la décolonisation de l’empire portugais (Angola, Mozambique) ont été les points d’orgue de la guerre froide en Afrique. Dans ces conditions la France avait tissé un réseau d’ »accords de défense » avec les pays africains de son ancien empire qui, sous couvert de protection de leur sécurité externe, servaient aussi à assurer leur immunité par rapport à la subversion interne. Néanmoins avec la fin de la guerre froide, ce rôle de « gendarme de l’Afrique » ne se justifiait plus, et d’ailleurs il n’a pas été assuré, comme on l’a vu,  notamment lors de la crise des grands lacs et la fin du régime de Mobutu que des années 1969 aux années 1980 inclusivement, on avait pourtant soutenu avec constance, y compris par des interventions militaires. En 1997, le gouvernement français a annoncé la révision de ses accords de défense avec les pays africains.

 

B. un intérêt moindre que par le passé : la «grandeur »

 

Le rayonnement colonial de la France, le fait qu’elle contrôlait près de la moitié du continent africain, l’Indochine et d’autres territoires coloniaux est un des motifs importants qui désignait la France, vaincue en 1940, malgré cela, pour un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU auquel elle n’aurait sans doute pas eu sinon de grands titres. Dans l’expérience politique du général de Gaulle et de la génération politique qui a suivi, la France devait se servir notamment de l’Afrique pour conserver ce rayonnement global : grâce aux voix des pays africains, plus ou moins contrôlés depuis Paris ou au moins très dépendants de la France, le pays pouvait compter sur 30 ou 40 voix à l’Assemblée Générale de l’ONU soit à l’époque entre un quart et un tiers des voix. Cependant l’intégration européenne a pris depuis lors le relais de cette politique de grandeur «mondiale » qui ne peut plus être soutenue comme par le passé. La France compte de plus en plus sur l’Europe comme « multiplicateur de puissance », considérant qu’être une puissance « motrice » en Europe, en association avec  l’Allemagne, lui donne plus de poids dans le monde que le fait de contrôler une part de l’Afrique, continent qui pèse de moins en moins dans le monde et s’enfonce dans des problèmes sans cesse plus graves : l’Afrique a cessé pour la France d’être une solution, elle est de plus en plus un problème.

 

C. un intérêt économique qui s’est transformé.

 

L’Afrique n’a jamais représenté grand chose dans le commerce international français : que ce soit à l’époque coloniale ou aujourd’hui, l’Afrique ne représente pas plus de 5% du commerce extérieur de la France. Néanmoins notre pays a sectoriellement des intérêts importants en Afrique : le pétrole n’est que le plus visible, mais non le seul. Cet intérêt s’est cependant transformé : naguère la France avait pour intérêt en Afrique la recherche de matières premières et  accessoirement un marché de débouché pour certaines productions nationales. Aujourd’hui, si l’accès à certaines matières premières demeure important, la France a surtout intérêt au développement de l’Afrique comme moyen de contrôler les flux migratoires vers la métropole et d’éviter l’alourdissement d’une charge de coopération que le pays a de moins en moins les moyens d’assumer

 

Cette modification des intérêts de la France en Afrique a entraîné une modification des politiques françaises en direction de ce continent.

 

II – La nouvelle politique africaine de la France

 

A. Politiquement : l’intérêt pour la « bonne gouvernance »

 

Ce thème s’est fait jour avec la fin de la guerre froide (discours du président Mitterrand au sommet de La Baule en 1990).  Les risques de subversion communiste ayant désormais disparu, il ne pouvait plus être question de continuer à soutenir des régimes dictatoriaux et corrompus comme par le passé au motif qu’ils étaient stratégiquement alignés sur l’Ouest. En effet, tant la dictature que la corruption ont un coût économique que la France ne peut plus assumer et qui font fuir les investisseurs étrangers. La première conséquence de cette nouvelle politique est un désengagement relatif de la France de l’évolution politique interne des pays africains, qui a coïncidé avec la relève (relative) des dirigeants africains de la génération de l’Indépendance. Ceci ne s’est pas toujours fait au bénéfice des pays africains (voir les troubles au Congo Brazzaville, au Zaïre/RDC, en Côte d’Ivoire : les désordres eussent sans doute été moins loin si l’évolution politique intérieure de ces pays avait été considérée comme présentant un intérêt stratégique pour Paris (comme c’était le cas au temps de la guerre froide)

 

B. Economiquement : la multilatéralisation des aides.

 

La France ne peut plus fournir à l’Afrique une aide économique aussi importante que durant les « trente glorieuses » ou durant la guerre froide. Entre 1945 et 1960 elle avait injecté dans son empire colonial à peu près autant d’argent qu’elle en avait reçu du Plan Marshall. Cela ne se justifie plus et n’est plus possible aujourd’hui, alors que les moyens de l’Etat français sont obérés par la gestion d’une crise économique et par les contraintes  budgétaires européennes. La France a cessé au début des années 1990 de porter à bout de bras le Franc CFA qui a de ce fait perdu la moitié de sa valeur (1994). Elle a cherché (avec succès) à européaniser les coûts de son soutien à l’Afrique au travers des conventions ACP de soutien aux produits de base et transféré une partie de son aide bilatérale au Fonds Européen de Développement, ce qui lui donne un droit de regard sur des sommes supérieures à celles dont elle aurait pu disposer seule. La critique de cette politique étant que si la mutualisation des coûts de l’aide à l’Afrique est un fait, on peut sans doute affirmer que la France cherche toujours à accaparer les avantages de cette aide, ce qui est facilité par le manque d’intérêt et de compétence en matière africaine de ses partenaires européens. De même, le resserrement de la coopération avec le Royaume-Uni sur les questions africaines ont pu donner jour à des soupçons de néo-colonialisme en cartel des anciennes puissances coloniales.

 

C. Faire de l’Afrique une « arrière-cour » de l’Europe ?

 

Il faut en tous cas constater que l’Afrique n’intéresse pratiquement personne, même si les Etats-Unis font épisodiquement mine de s’y intéresser : le retour sur investissements dans les pays africains est beaucoup trop faible pour que cet intérêts soit durable. Les capitaux américains, comme internationaux en général trouvent à s’employer mieux ailleurs. Pour l’Europe, l’Afrique représente un intérêt géostratégique identique à ce que représente l’Amérique Latine pour les Etats-Unis : un continent à sa frontière, avec lequel elle est historiquement liée, qui se relie à elle par des flux migratoires voire politiques directs (cas de l’Afrique du Nord et du monde musulman en général). Pour ces motifs l’Europe ne peut pas se désintéresser de l’Afrique, et doit avoir une politique africaine. Dans ce contexte la politique africaine de la France est de jouer, en partenariat vraisemblablement avec le Royaume-Uni (ce qui a été décidé en marge du sommet franco-britannique de Saint-Malo en 1998), le rôle de « pont » entre l’Europe et l’Afrique. Le nouveau partenariat pour l’Afrique (NEPAD) devrait être également l’occasion pour l’Europe d’agit en tant que telle en faveur du continent africain, dans la logique de ses intérêts bien compris, qui est celle du codéveloppement.

 

Conclusion

 

C’est surtout l’évolution désastreuse de la région des grands lacs, à partir de 1994, qui a décrédibilisé la politique africaine de la France, laquelle n’avait pourtant pas été jusque là à l’abri de toute critique (les dérives de la « Françafrique » étaient connues depuis longtemps), mais avait au moins la réputation de sauvegarder le minimum de stabilité dont le continent avait besoin pour ne pas voir sa situation empirer. La crise en Côte d’Ivoire est encore venue rappeler tout récemment que si la France ne prétend pas se désengager de l’Afrique, elle ne prétend plus y jouer le rôle de « gendarme » qui fut le sien, et cette  nouvelle attitude constitue aussi une réponse à ses critiques : qui se soucie réellement de l’Afrique ? aujourd’hui encore, s’il est question de ce continent dans les débats du G-8, si l’Afrique continue à être à l’ordre du jour des préoccupations de l’Union Européenne, c’est largement à la France qu’on le doit. Mais les réalités politiques et économiques sont indépassables : marginalisée économiquement et stratégiquement, le continent africain doit d’abord compter sur lui-même et non sur un intervenant extérieur pour trouver une solution à ses problèmes.

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