La Macedoine

 

Petit pays mal connu en Europe (25 333 km2 de superficie, soit la moitié de la Suisse), la Macédoine a acquis son indépendance très récemment (1991) et est toujours en phase de construction de son identité nationale. Son existence est contestée tant à l'extérieur par certains Etats frontaliers, qu'à l'intérieur par certaines minorités ethniques présentes sur son territoire.

La Macédoine

 

La stabilité de ce jeune Etat, mise à l'épreuve par les tensions internes et les pressions externes, est donc au cœur des préoccupations des dirigeants politiques macédoniens.

 

Un Etat récent en quête de légitimité

 

Les origines historiques de la Macédoine

 

- Dans l’Antiquité grecque, le nom Macédoine désignait une zone géographique des Balkans environ deux fois et demi plus grande que l’actuelle République de Macédoine. Ce territoire est soumis à l’empire Ottoman jusqu’en 1913, lorsque le traité de Bucarest met fin aux guerres balkaniques et établit le partage entre Etats chrétiens des derniers territoires de l’empire Ottoman qui subsistaient en Europe. La région jusqu’alors appelée Macédoine est divisée en trois parties : la Macédoine de l’Egée, attribuée à la Grèce, la Macédoine du Pirin, qui revient à la Bulgarie, et la Macédoine du Vardar, rattachée à la Serbie.

 

- Cette dernière acquiert sous Tito une relative autonomie au sein de la Fédération de Yougoslavie. En effet, la création de la République fédérée de Macédoine par la Constitution yougoslave de 1946 donne à l'identité nationale macédonienne le premier cadre politique de son histoire moderne. Cette République est alors dotée d'un Président de la République, d'un Parlement, d'une langue officielle (le macédonien) enseignée dans les écoles et une église orthodoxe autocéphale à partir de 1967. Cependant, l'entité ainsi créée résulte de calculs stratégiques : il s'agit de limiter la prépondérance des Serbes en Yougoslavie et couper court aux visées des Bulgares sur la Macédoine du Vardar. Ainsi, la pérennité des républiques fédérées de Yougoslavie dépend de la politique titiste, ce qui explique leur implosion après la chute du régime.

- Le 8 septembre 1991 la République de Macédoine proclame son indépendance, suite à un référendum sur l’indépendance de la Macédoine, à l’occasion duquel 68,32% des votants s'expriment en faveur d’une République indépendante et souveraine, avec pour capitale Skopje. La Macédoine acquiert donc son indépendance vis-à-vis de l’ex-Yougoslavie de manière pacifique et en toute légalité. Elle effectue sa transition démocratique en 1990-1991, avec l’organisation d’élections démocratiques et pluralistes, la déclaration d’indépendance et l'élaboration d’une nouvelle Constitution avec le soutien de la commission Badinter de l’UE.

 

Le différend entre la Macédoine et la Grèce

 

- Dès 1991 la Grèce s’oppose à la reconnaissance internationale de la Macédoine car elle accuse le nouvel Etat d’utiliser un nom et des symboles tirés de la culture grecque. En réaction, elle lui impose un embargo économique. En effet, le nom Macédoine ne désigne pas seulement le nouvel Etat, mais fait également référence à une province grecque (l'ancienne Macédoine de l'Egée).

 

- D'autre part, le drapeau officiel choisi par la République de Macédoine lors de sa création représente un soleil dit de « Vergina » (un disque d’or de seize rayons). Ce choix provoque de vives protestations de la part des Grecs car ce drapeau fut celui d’Alexandre le Grand. Les Grecs le revendiquent donc comme faisant partie de leur patrimoine historique. Au-delà de ces raisons officielles, la Grèce redoute que la République de Macédoine à terme n'éclate et ne soit partagée entre la Bulgarie et l'Albanie. Elle craint également une alliance entre la Macédoine et la Turquie qui menacerait la Grèce. Enfin, l'indépendance de Skopje risque de réactiver la minorité slave présente en Grèce.

 

- Le 13 septembre 1995, sous l’égide des Américains, un accord est signé qui permet la levée du blocus moyennant l’abandon par Skopje du drapeau antique et la modification de certains points de la Constitution considérés comme « irrédentistes. » En particulier, un amendement est fait à l’article affirmant l’inviolabilité des frontières existantes : « La République n’a pas de prétentions territoriales à l’égard des pays voisins. » La Macédoine a été admise à l’ONU en avril 1993 sous le nom provisoire de : Former Yugoslav Republic of Macedonia. (FYROM), mais la dénomination Macédoine est acceptée par la majorité des Etats de la planète. Cependant, le différend avec la Grèce à propos du nom Macédoine n’est toujours pas officiellement résolu.

 

Un Etat contesté de l'intérieur

 

La cohabitation des minorités ethniques

 

- De nombreuses communautés ethniques cohabitent en Macédoine. Selon le recensement de 1994, contesté et boycotté par les Albanais, on y compte près de 2 millions d’habitants, dont environ 66% de Macédoniens, 23% d’Albanais, 4% de Turcs, 2,3% de Tsiganes (Roms), 2% de Serbes, 0,4% de Valaques et 0,1% de Bulgares. Les Albanais, qui sont majoritairement musulmans tandis que les Macédoniens sont chrétiens orthodoxes, vivent principalement au Nord-Ouest de la Macédoine, dans la région frontalière avec le Kosovo et l'Albanie. (cf carte) Les deux principales villes à majorité albanaise sont Tetovo et Kumanovo. Les Albanais forment la minorité ethnique la plus importante, la seule qui ait des revendications à l’égard de l’Etat macédonien.

 

- La Constitution du 17 novembre 1991 définit la Macédoine comme « l’Etat national du peuple macédonien qui assure une égalité complète des droits civiques et une cohabitation durable du peuple macédonien avec des Albanais, Turcs, Valaques, Roms et autres nationalités qui  habitent dans la République de Macédoine. » Elle affirme le caractère centralisé de l’Etat unitaire: aucune nationalité n’est privilégiée face au peuple macédonien.

 

Le conflit récent avec la minorité albanaise

 

- La fragile stabilité de la République macédonienne est ébranlée par la guerre du Kosovo. En effet, pendant la période des bombardements de l'OTAN, de mars à juin 1999, la Macédoine doit accueillir plus de 250 000 réfugiés albanais du Kosovo fuyant la répression serbe dans des camps organisés par l'ONU et les ONG. A la fin des hostilités, les organismes de l'ONU s'efforcent de réinstaller ces réfugiés chez eux, mais ayant tout perdu, ceux-ci ne tiennent guère à regagner leur pays et préférent s'établir chez leurs "frères" albanais de Macédoine. Ce sont ces Albanais expulsés de Serbie et d'anciens combattants de l'UçK (l'armée de libération du Kosovo, dissoute par l'OTAN) qui reprennent les revendications des Albanais de Macédoine. Ceux-ci dénoncent en effet leur intégration insuffisante dans l'administration, la police, l'enseignement, et autres structures de l'Etat macédonien. 

 

- La crise éclate au moment de la signature entre la République de Macédoine d’une part, et la Serbie et le Monténégro d’autre part, d'un accord portant sur la délimitation des frontières entre les deux pays, y compris la frontière longeant la région du Kosovo, accord que Milosevic s'était toujours refusé à signer pendant son règne. En février 2001, d'anciens combattants de l'UçK forment l'armée nationale de libération de la Macédoine (UçKM) et s'attaquent aux policiers et militaires de Skopje. C'est une véritable guerre civile qui s'amorce.

 

- L'Union Européenne, pour calmer la situation, propose un plan fondé sur une modification constitutionnelle pour reconnaître aux Albanais la qualité de seconde nation constitutive de la Macédoine, accompagnée d'une large amnistie des combattants. Les deux camps en appellent à une intervention de l'OTAN qui aboutit à l'obtention d'un cessez le feu le 5 juillet 2001. Le 8 août 2001 la signature des accords d'Ohrid  met fin à la lutte entre les rebelles albanais de l'UçKM et les forces gouvernementales.

Les solutions apportées au conflit sont les suivantes :

-La langue albanaise est déclarée langue officielle dans les zones où les albanophones représentent au moins 20% de la population. Au parlement de Skopje, l'usage de l'albanais est autorisé et les lois doivent être rédigées dans les deux langues.

-La police reste sous contrôle du ministère de l'Intérieur, mais la proportion de policiers d'origine albanaise est portée à 23% des effectifs, ce qui correspond à la proportion officielle des Albanais dans la population macédonienne.

-L'université albanophone de Tetovo est partiellement financée par l'Etat.

-Le désarmement de la guérilla est envisagé.

-Une amnistie prévue pour les combattants ne relevant pas de crimes à soumettre au tribunal international de La Haye.

Il s'agit cependant d'une paix bancale imposée par les occidentaux et l'apaisement n'est pas immédiat.

 

- Les Etats-Unis envoient en Macédoine une force de 3000 hommes, à laquelle la France et l'Allemagne participent, qui procède à l'opération de désarmement de la "guérilla" albanaise ("moisson essentielle"). L'OTAN monte une opération de maintien de la paix baptisée "Amber Fox" pour garantir l'application des accords signés. Celle-ci est ensuite prolongée en raison d’incidents survenus en février 2002.

 

 

Il s'agit donc d'une paix fragile. Des incidents militaires créés par les structures paramilitaires des Albanais du Kosovo sont toujours à craindre. Les affrontements qui ont eu lieu ont creusé un fossé entre les deux communautés albanaise et macédonienne qu'il sera désormais difficile de combler. La Macédoine compte sur la  perspective d'intégration européenne et de développement pour garantir sa stabilité et faire barrage aux courants favorables à une purification ethnique et à la création d'une grande Albanie. C'est en protégeant les droits individuels des citoyens indépendamment de leur appartenance ethnique que la Macédoine pourra mieux défendre les droits de ses minorités.

Lien Internet

http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/geos/mk.html

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