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L'Islam en Asie du Sud-Est - Relations internationales - Geopolitique - Analyse des dynamiques régionales - Relations culturelles internationales

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L'Islam en Asie du Sud-Est

 

L’Islam d’Asie du Sud-Est n’est pas uniforme, malgré tout, deux constats semblent se dégager : le développement d’un islam de repli identitaire, à l’heure où l’occidentalisation du monde véhicule des frustrations à grande échelle. De plus, depuis le 11 septembre, ce phénomène se nourrit des réactions qu’il provoque ; les musulmans d’Asie du Sud-Est semblent d’autant plus sensibles à cette confrontation que l’interventionnisme américain semble tourner à leur désavantage.

 

                L’Asie du Sud-Est est un carrefour de religions. Région périphérique du monde musulman, l’Asie du Sud-Est compte près de 250 millions de fidèles et réunit près du cinquième des musulmans de la planète.

 

L’Islam majoritaire.

 

Indonésie :

âPremier pays musulman du monde. 85% des 215 millions d’indonésiens sont de confession musulmane. Les profondes mutations qu’a connues le pays depuis 1998 et les difficultés que rencontre l’Etat central pour contrôler l’immense archipel, ont nourri bien des inquiétudes quant à la radicalisation de l’Islam dans cette région. Les années Suharto ont en effet alimenté bien des inégalités et des rancœurs qui, restées latentes tant que le contrôle politique et social était fort, se sont muées en éruptions de violences à la faveur des dernières années du régime et des débuts de la période d’ouverture dite « Reformasi ». La religion, notamment l’islam, est alors bien souvent apparue comme le référent commun, ce qui a favorisé le recrutement pour les mouvements islamistes radicaux.

âLes mouvements séparatistes se multiplient dans les provinces: Aceh, Moluques, Sulawesi, Irian Jaya, Timor Oriental... A partir de 1994, une partie des affrontements qui ont éclaté révélèrent un accroissement des tensions religieuses (émeutes antichinoises, antichrétiennes etc.) Avec les guerres civiles qui opposèrent aux Moluques (1999) puis à Poso (2000) milices chrétiennes et musulmanes, le problème changea de dimensions.

âIslam radical versus islam libéral ; si les élections de 1999 ont montré la faible assise populaire de l’islam radical, à court terme les grandes organisations de l’islam modéré sont confrontées à un défi dans leur lutte contre l’extrémisme : elles doivent préserver une ligne libérale tout en donnant des gages aux extrémistes faute de quoi elles pourraient être soupçonnées de collusion avec les Etats-Unis. Dans cette optique, elles ont pris la tête de la contestation contre la guerre en Irak.

Malaisie : un équilibre menacé.

âL’islam reste la principale expression de l’identité malaise, au sein d’un état peuplé de minorités chinoises et indiennes. Le pays repose sur un équilibre fragile entre ces communautés. Un puissant mouvement de renouveau de l’islam malais s’est engagé depuis les années 1970, caractérisé par un retour du fondamentalisme et une contestation croissante du pouvoir en place.

                âEntre répression, manipulation et encouragement ; les réponses de l’Etat malais. En diverses occasions, le pouvoir s’opposa brutalement aux organisations musulmanes qu’il considérait comme une menace[1]. Mais le gouvernement a également mis en avant les valeurs islamiques dans le cadre d’un programme de modernisation du pays, pour rallier les malais et rendre obsolète le fondamentalisme musulman. S’il entendait accompagner le mouvement, ce fut aussi pour le limiter. Ainsi, après la victoire du PAS au Kelantan, le gouvernement fédéral toléra quelques mesures (l’interdiction des jeux de hasard) mais s’opposa à l’application du code pénal islamique prévoyant les châtiments corporels.

 

                L’affaire Anwar Ibrahim.

                En 1997, la situation politique s’était tendue sur fond de crise financière. L’ABIM avait soulevé publiquement la question de la corruption du régime. L’année suivante, la chute de Suharto en Indonésie avait inspiré des manifestations à Kuala Lumpur. Anwar Ibrahim, vice-premier ministre, dauphin de Mahathir Mohamad, crut pouvoir les utiliser pour prétendre à la succession. La réplique fut brutale ; Anwar Ibrahim fut arrêté et condamné pour corruption et sodomie.

               

 

âL’après 11 septembre. Le régime de Mahathir Mohamad, et l’équilibre entre communautés sur lequel repose le pays, a bénéficié du fait des attentats à New-York d’un indéniable sursis. En se rangeant sans délai derrière les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme islamique, le gouvernement malaisien devient l’un des plus sûr alliés de la superpuissance américaine dans la région. En annonçant,  à la fin 2002, son prochain retrait du pouvoir, le Premier ministre Mahatir Mohamad semble mettre fin au pacte fondateur du pays.

 

L’Islam minoritaire.

 

Thaïlande.

                En Thaïlande, les populations musulmanes se concentrent au sud du pays, dans les quatre provinces frontalières de la Malaisie, tardivement rattachées au Siam ( Yala, Narathiwat, Patani et Satun). L’identité religieuse y apparaît d’ailleurs consubstantielle à l’identité ethnico-linguistique. Cette communauté religieuse représente environ 8% de la population thaïlandaise.

                Deux courants majeurs : les Yawi, habitants des quatre provinces dites du « Grand Sud », très réticents à se considérer comme thaïlandais. Et les néo-citadins issus de l’exode rural de ces dernières décennies ( entre 500 000 et 1 million de musulmans habiteraient le grand Bangkok). Pour les habitants du grand sud, l’islamité marque un refus de la domination de Bangkok, perçue comme quasiment coloniale. L’islam a donc toujours constitué un marqueur identitaire puissant et la question religieuse se mêle étroitement à la question régionale.

                Depuis la crise économique de 1997, la marginalisation économique et les problèmes sociaux ont favorisé l’émergence d’un discours prônant la nécessité d’une réislamisation de la base. Désormais, le noyau dur de l’islam thaïlandais n’est plus seulement constitué d’une communauté rurale

 

Cambodge

                La population musulmane du Cambodge est estimée aujourd’hui à un demi-million de personnes, soit environ 4% du nombre total d’habitants, répartis en 357 communautés. Les Chams constituent la communauté la plus important puisqu’ils représentent les trois quarts des fidèles.

                Au cours de la période khmère rouge (1975-1979), les musulmans, en particulier les Chams, furent massacrés dans une proportion supérieure au reste de la population. Pendant les 10 années d’occupation vietnamienne, la communauté entame sa reconstruction sous l’égide de Math Ly, une figure politique proche du pouvoir prosoviétique. C’est avec le retour du roi en 1993 que la communauté reprend son essor. Alors que s’installe la mission de maintien de la paix de l’ONU, des organisations islamiques saoudiennes et malaises commencent à faire parvenir des fonds.

                La communauté musulmane du Cambodge a condamné sans réserve les attentats terroristes qui ont alimenté l’actualité internationale.

Birmanie

                La Birmanie est un pays majoritairement bouddhiste. Le pourcentage des musulmans variait autour de 4% avant la deuxième guerre mondiale. Il s’agit d’une minorité religieuse hétérogène du fait de ses origines diverses. L’essentiel de cette minorité est constitué des Rohinga. Depuis peu, ils sont victimes d’une persécution ethnique et religieuse orchestrée par la junte militaire birmane.

                Le prétexte de la menace terroriste en Birmanie laisse augurer un avenir sombre pour la communauté musulmane. L’armée birmane alimente une peur à l’égard des « nouveaux ennemis » du pays. En fait, l’attitude du pouvoir dépendra largement de la réaction de ses voisins. Admise en 1997 au sein de l’ASEAN, la Birmanie ne peut se permettre de provoquer le courroux des membres à majorité musulmane dont l’Indonésie, la Malaisie, Brunei.

 

Philippines

                Il y a entre 3 à 5 millions de musulmans aux Philippines, le seul pays majoritairement catholique d’Asie du Sud-Est. Représentant environ 5% de la population totale, ils se concentrent au sud de l’archipel (Mindanao, Sulu, Tawi-Tawi). Si 5 provinces restent majoritairement musulmanes, la proportion de musulmans dans le sud des Philippines ne cesse de diminuer. Ils ne représentent plus aujourd’hui que 25% de la population de la grande île de Mindanao. Les musulmans de l’archipel se distinguent les uns des autres par la langue et la géographie. L’idée d’une nation musulmane transcendant ces identités ethniques est récente. Les conflits entrent ethnies musulmanes différentes restent souvent plus importants que les conflits avec les chrétiens.

                Ces régions sont en outre demeurées pour la plupart à l’écart des transformations économiques du pays, ce qui a engendré des frustrations. Celles-ci ont par la suite été aggravées par les transferts de population effectuées durant les années 50 et 60.

            La genèse des rébellions musulmanes se retrouve dans le Muslim Independant Movement (MIM), créé en 1968. De son but initial, la sécession, ce mouvement a développé un discours de plus en plus radical. Par la suite, la question s’est internationalisée avec, en 1972, la mention pour la première fois de la minorité musulmane philippine dans une enceinte internationale ( OCI : Organisation de la Conférence islamique).

 

Entre manipulation et grand banditisme ; Abu Sayyaf.

Naissance de ce groupe au début des années 1990. Bien que fortement médiatisé en raison du caractère spectaculaire de ses actions, ce groupe ne représente qu’une infime minorité, estimée à un millier d’hommes armés grand maximum. La naissance de ce groupe reste mystérieuse. Toujours est-il qu’il signe son premier attentat en août 1991 à Zamboanga ; explosions de bombes à l’aéroport puis dans des églises catholiques en 1993. Dernier en date, la prise d’otage de touristes occidentaux  à Sipadan en 2000.

La véritable nature de ce groupe reste douteuse ; référence au Jihad, infiltrés et manipulés dès l’origine par des militaires, membres liés aux services de renseignement, collusion avec l’armée etc. Selon certains analystes, l’armée utilise ce mouvement pour des entreprises de banditisme.

               

Eléments de problématique.

 

Quels réseaux islamistes en Asie du Sud-Est ? Le 11 septembre a donné lieu à de nombreuses mises en garde sur l’existence de réseaux islamistes en Asie du Sud-Est. Qu’en est-il dans la réalité ?

- La plupart des gouvernements des pays de la régions ont amplifié la menace dans le but d’inscrire leur combat contre le séparatisme et l’opposition islamique dans la lutte planétaire des Etats-Unis contre le terrorisme. Certains espèrent ainsi monnayer leur participation contre des avantages financiers, diplomatiques ou militaires.

- Certes, l’Asie du Sud-Est, comme le reste du monde, a vu se constituer dans les années 90 des réseaux informels de vétérans, entraînés au Pakistan ou dans le Golfe Persique, ayant combattu en Afghanistan ou en Tchétchénie.

- L’internationale djihadiste et le S-E asiatique. L’attentat de Bali (12 oct. 2002) perpétré par une nébuleuse ramifiée en Indonésie, Malaisie, Singapour et Philippines témoigne de l’insertion de la région dans une logique d’affrontement planétaire porté par quelques organisations internationales. Est-ce une mutation de l’islam radical d’Asie du Sud-Est dont les objectifs étaient restés jusque là purement nationaux ?


 

[1] Ces organisations sont au nombre de trois ; le PAS : Parti islamique panmalais, l’ABIM, l’Association des jeunesses islamiques de Malaisie et le Darul Arqam, une secte religieuse interdite en 1994.

 

Textes :

Résolutions 1441, 1483 sur le site Internet de l’ONU

Résolutions 678, 687, extraits.

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