Aller au contenu du Forum

forum-scpo.com

Le forum des étudiants de Sciences Po


Le Choc des civilisations - Relations internationales - Geopolitique - Théories des RI

Menu principal


Accueil

Le Forum principal

Tous les forums

Index des meilleures discussions

Mutualisation des travaux étudiants

La petite bibliothèque du forum

Laboratoire des idées et des propositions politiques

Encyclopédie de liens

Le wiki du forum

Les bons plans

Contact

Recherchez

Recherche personnalisée

Les Masters

Les premiers cycles

Les langues

Les préparations aux concours

Concours professionnels et administratifs

Le Forum Helpology

Le Forum de la langue française : PAN !

Forum logement

Stages/jobs/emplois

Annonces diverses

Forum informatique

Le métaforum


Tous les ouvrages de la bibliothèque du forum

Ouvrages d'histoire et d'actualité

Les best-sellers actuels

Les meilleurs ouvrages de droit

Bibliographie financière

Littérature web & computing

Littérature & fictions

Littérature culturelle (arts, musique et cinéma)


Concours Master SciencesPo. 2011

Présidentielle 2012

Linkdump vol. VII

Concours professionnels et administratifs

Nicolas Sarkozy

Concours à BAC +0

Concours CRFPA

Concours master HEC-ESCP (Admission directe)

La crise financière

Perspectives économiques

Réforme des retraites

Hadopi

Linkdump vidéos

Zemmour

Démographie

Séries télé

Les dépeches insolites

Sondages

Finances publiques



Les musiques préférées du forum

Télephones portables et smartphones

Applications mobiles

Les cours de relations internationales du forum des étudiants de Sciences Po

Le Choc des civilisations, Samuel Huntington

 

“The Clash of Civilizations?”, publié dans la revue Foreign Affairs en 1993, est une réaction à l’ouvrage de Fukuyama “La fin de l’Histoire” paru en 1992. Il fut ensuite étoffé en ouvrage publié en 1996. La fin de la Guerre froide, en 1991, a été perçue comme le triomphe de la démocratie libérale occidentale, reléguant l es controverses idéologiques dans le passé. Francis Fukuyama voyait là un horizon indépassable pour l'humanité, ce qu'il résumait dans la formule « la fin de l'histoire ».

Pour Huntington, au contraire, l'histoire, et les conflits qui la caractérisent, sont loin d'être terminés : le recul des idéologies marque seulement l'entrée du monde dans une conflictualité d'un nouveau genre. Ainsi les guerres entre civilisations seraient-elles appelées, chronologiquement, à succéder aux guerres entre princes, Etats-nations et idéologies.

 

ØThèse : Huntington préconise un “clash” inévitable et sanglant entre les civilisations telles qu’elles se nourrissent des religions, et reprend à ce titre l'expression de Gilles Kepel, « la revanche de Dieu », pour souligner le retour des religions au niveau mondial, qui viennent prendre, en un sens, la place laissée vacante par les idéologies politiques. Il convient, par ailleurs, de souligner que ces dernières ont été majoritairement le fait de la civilisation occidentale, et qu'elles sont issues de théories du XIXe siècle, aussi bien le communisme que le libéralisme. A l'inverse, les civilisations non occidentales n'ont pas suscité de grande idéologie politique, mais ont produit les principales religions. Ainsi le déclin des idéologies et le retour de religieux permettent-ils à Huntington de conclure, plus largement, au déclin de l’Occident.

Sur le mode de la prospective, l’auteur cherche à exposer quel visage aurait le monde au début du XXIe siècle, quels rapports les Etats entretiendraient les uns les autres. L’auteur cherche à démontrer qu’à l’ordre bipolaire de la Guerre Froide s’est substitué un ordre multipolaire basé sur les civilisations, et que le système international est en transition vers un nouveau système multipolaire. De ce fait la politique mondiale entre donc une nouvelle phase dans laquelle la source fondamentale du conflit ne sera plus idéologique, économique ou politique mais bel et bien culturelle, car le monde est en butte à une crise générale d’identité. L’identité liée à la civilisation prendra de plus en plus d’importance et les lignes de fracture entre les civilisations seront les lignes de front des batailles du futur. Il en déduit que le XXIe siècle, sensé être essentiellement religieux, se caractérisera par un affrontement probable des grandes civilisations, et développe ainsi la thèse d'une nouvelle conflictualité reposant non plus sur les Etats ou sur les idéologies, mais sur l'opposition inhérente aux civilisations, chacune ayant des aspirations mondiales ou régionales.  Elles seront de ce fait aux prises avec d’autres civilisations ayant les mêmes objectifs. Les conflits entre ces civilisations n’élimineront pas les guerres tribales ou les conflits ethniques, mais les Etats ou groupes n’appartenant pas aux mêmes civilisations s’opposeront beaucoup plus violemment.

Par conséquent les peuples séparés par l’idéologie mais de même culture sont ou seront réunis (les deux Chine, les deux Corée), alors que les sociétés unies par l’idéologie mais divisées par la civilisation sont sujettes à l’éclatement (Yougoslavie, Soudan, ex-URSS...). De même, les pays qui partagent des affinités culturelles coopèreront donc économiquement et politiquement, les organisations internationales dont les Etats membres reposent sur une base culturelle commune auront plus de chance de réussir (Union Européenne, Union du Maghreb arabe...), que celles qui tentent de transcender les cultures (ANZUS, ANSEA...).

 

Etapes du raisonnement hungtintonien 

 

Ø1) Le monde est divisé en civilisations

Constat de départ : les données de la géopolitique ont changé avec la fin de la guerre froide. Les Etats (on en dénombre environ 184) s’allient avec les pays qui ont les mêmes intérêts en termes civilisationnels. Désormais la politique globale dépend de plus en plus de facteurs culturels. Pour Huntington, la conjugaison de la fin des idéologies et de l'essor de la mondialisation fait entrer l'humanité dans ce qu'il nomme le « choc des civilisations », et pour préciser son paradigme l'auteur distingue huit aires de civilisations :

1°-l'Amérique latine,                       2°-l'Afrique                                        3°-la Chine                          4°-le Japon,

5°-l'Inde                                              6°-l'Islam                                            7°-l'Occident,                     8°-la civilisation

àMonde multicivilisationnel, paradigme qui s’oppose à une civilisation unique en tant qu’idéal. Une civilisation repose sur une religion comme système de pensée et sur une langue (vecteur de transmission de la pensée), l’existence d’une civilisation universelle se traduira alors par la prééminence d’une religion et d’une langue. C’est le rôle qu’a joué l’Occident pendant des siècles. Cette idée a d’autant moins de partisans parmi les autres civilisations que ceux-ci ne considèrent pas le monde comme un tout, mais comme un ensemble de groupes différents. Cependant il semble bien que les valeurs occidentales se soient imposées du fait de la prédominance occidentale en tant que première civilisation à s’être modernisée. Aujourd’hui, l’expansion de l’Occident s’est arrêtée et la révolte à son égard a commencé ; les sociétés absorbent tous les emprunts qui ne vont pas à l’encontre de leurs traits distinctifs, ces derniers reposant sur la religion et une certaine conception de l’homme. La modernisation ne passe donc plus nécessairement par l’occidentalisation, au contraire elle renforce les cultures des sociétés non occidentales et réduit les puissances de l’Occident.      

Chacune de ces civilisations a vocation à se doter d'un Etat leader, que Huntington appelle « Etat phare » : par exemple, les Etats-Unis pour la civilisation occidentale, et peut-être l'Afrique du Sud, à terme, pour la civilisation africaine. Les Etats « chevauchant » plusieurs aires civilisationnelles, comme le Mexique, reçoivent le nom de « pays déchirés ». Huntington souligne que les conflits du futur se dérouleront le long des lignes de séparation de ces civilisations.

 

Ø2) Ce processus entraîne l’équilibre instable des civilisations

                L’Occident a dominé le monde pendant des siècles grâce à la diffusion de ses valeurs et de son expansion territoriale à travers la colonisation. Mais depuis la fin de la guerre froide, cette civilisation est en déclin et est marquée par un repli sur l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Occident s’efface progressivement en raison de sa perte de puissance économique et démographique mais aussi de l’émergence de nouvelles civilisations mieux formées et militairement mieux équipées, en particulier l’Extrême-Orient. Ainsi en 1991, quatre des sept économies dominantes appartenaient à des nations non occidentales : le Japon, la Chine, la Russie et l’Inde.

                Certes l’Occident reste aujourd’hui encore la civilisation la plus dominante, mais elle devra faire face à la montée de l’indigénisation. Cette résurgence des cultures non occidentales prend sa source dans la désécularisation du monde, fait social dominant de la fin du XXe siècle. Deux causes principales peuvent être avancées : d’une part la modernisation sociale, économique et culturelle a pour conséquence une perte de repère des peuples qui se rattachent de fait à la religion. D’autre part le recul de l’Occident et la fin de la guerre froide marquent une rupture. Alors qu’autrefois les non Occidentaux cherchaient le secret du succès dans les valeurs et institutions occidentales, aujourd’hui ils le cherchent dans leur propre culture. Le renouveau religieux constitue la manifestation la plus puissante d’un rejet de l’Occident.

 

Ø3) Par conséquent un nouvel ordre des civilisations se profile, se traduisant par une recomposition politique globale qui s’effectue autour des civilisations

                Il y a un regroupement des peuples partageant les mêmes identités culturelles qui va entraîner le développement de nouveaux antagonismes. Les frontières politiques ressemblent de plus en plus aux frontières culturelles, d’où une régionalisation de la politique mondiale. On constate par ailleurs que les organisations fondées sur les liens civilisationnels comme l’OTAN sont plus actives que les organisations multi-civilisationnelles. Le rôle des Etats diminue face à des institutions de plus en plus nombreuses et dont les fonctions sont de plus en plus importantes (Union Européenne, Alena, Asean, Mercosur...). Les zones conflictuelles se situent à la périphérie des zones civilisationnelles, là où elles entrent en contact avec les autres civilisations. La Russie, la Turquie, le Mexique et l’Australie sont des pays déchirés. Ces pays cherchent à se rapprocher de l’Occident excepté l’Australie, déjà occidentale, qui désire devenir une société asiatique, mais ils ont tous plus ou moins échoué dans leur changement de civilisation. Ces différents exemples montrent bien qu’il est possible de prendre des éléments d’une autre culture mais qu’il est pour autant impossible de faire disparaître sa culture d’origine.

                La notion de puissance globale qui prévalait pendant la Guerre Froide est aujourd’hui dépassée et remplacée par la notion d’Etats phares, eux-mêmes sources d’ordre. Auparavant l’Europe ne possédait pas d’Etats phares mais gravitait autour des USA. Ce sont désormais l’Allemagne et la France qui jouent ce rôle, avec autour d’elles les adhérents à l’UE, mais aussi les membres associés. Le problème de l’Europe est de savoir précisément où elle se termine ; et c’est là qu’intervient la frontière religieuse : l’Europe se finit là où finit la chrétienté occidentale et où commencent l’Islam et l’Orthodoxie. En ce qui concerne le monde orthodoxe la base de son unité est formée par la Russie et l’Ukraine. En Extrême-Orient, la Chine tente de retrouver sa place hégémonique, perdue au cours du XXe siècle. En cette fin de siècle, la “Grande Chine” est une réalité économique, culturelle et un peu politique. Enfin la situation semble un peu plus complexe pour le monde islamique. Si l’Islam possède une conscience identitaire et unitaire musulmane pour autant elle n’est pas cohérente. D’où l’absence d’Etat phare puisque tous les pays potentiels ne possèdent pas l’intégralité des compétences requises.

 

Ø4) Enfin l’auteur traite des conflits entre civilisations, et contre plus spécifiquement, son étude autour des menaces qui pèsent sur l’Occident (voir carte en annexe)

                L’Occident a été la seule civilisation à avoir eu de l’influence sur les autres. Mais depuis qu’elle est contestée par les civilisations non occidentales elle doit lutter pour préserver sa supériorité militaire, promouvoir ses valeurs et ses institutions et protéger son intégrité culturelle, sociale et ethnique. Pour atteindre ces trois objectifs elle a respectivement mis en place des politiques de non-prolifération des armes, de défense de la démocratie et des droits de l’homme et une limitation de l’immigration. Toutefois ces trois modes d’intervention rencontrent des limites du fait d’un non-respect de la part des non Occidentaux. Huntington décrit la dynamique globale suivante : Les civilisations non occidentales sont comme cimentées par leur opposition à l'Occident, qui se trouve seul contre tous. C'est « the West versus the Rest ». Ces conflits prennent deux formes différentes : les conflits locaux entre pays voisins et les conflits globaux entre Etats phares.

 

àPrincipales oppositions et perspectives dégagées par l’auteur :

S’agissant de la Chine et de l’Islam : Huntington oppose à l'Occident la collusion islamo-confucéenne. Face à un Occident en déclin, l'Asie s'affirme par son économie et l'Islam par sa démographie. Ainsi, ”à l’avenir les chocs dangereux risquent de venir de l’interaction de l’arrogance occidentale, de l’intolérance islamique et de l’affirmation de soi chinoise”. Huntington rappelle alors que la prolifération des armes de destruction massive touche majoritairement les pays compris dans ces deux aires civilisationnelles (Irak, Corée du Nord). .

S’agissant de la Russie, du Japon et de l’Inde : les relations seront basées soit sur la coopération, soit sur le conflit et ce en fonction de la civilisation pour laquelle ils vont opter.

S’agissant de l’Amérique latine et de l’Afrique : les conflits seront moins forts avec l’Amérique latine et l’Afrique du fait de leur grande dépendance à l’Occident.

 

àDe manière générale, l’auteur identifie six raisons pour expliquer ces conflits :

- Les différences entre civilisations sont réelles et essentielles. La vision du monde est différente d'une civilisation à l'autre. Comme ces différences sont profondes et difficilement réconciliables, il y de fortes chances que des conflits en découlent.

- Le monde devient plus petit à cause de la mondialisation. Ainsi, les gens de différentes civilisations

interagissent plus fréquemment les uns avec les autres. Ces interactions plus fréquentes entraînent une prise de conscience « civilisationnelle » qui accentue les différences et les animosités.

- Les processus de modernisation économique et de changements sociaux ont eu tendance à séparer les individus de leurs appartenances identitaires locales. Ils ont aussi affaibli les États-nations comme source d'identité. D'où un retour à la religion qui transcende les frontières nationales et unit les civilisations.

- La croissance de la prise de conscience « civilisationnelle » est accentuée par le rôle dual joué par

l'Occident. D'un côté, l'Occident est au summum de sa puissance et de l'autre, les civilisations non-

occidentales cherchent à se détacher de l'influence occidentale.

- Les caractéristiques et les différences culturelles évoluent moins facilement et se compromettent

plus difficilement que les caractéristiques économiques ou politiques.

 

-  Le régionalisme économique s'accroît. Les succès économiques régionaux risquent d'entraîner une

augmentation de la prise de conscience civilisationnelle.

 

àPar ailleurs il convient de distinguer deux types de guerres :

Øles guerres de transition : ont pour but de s’acheminer vers un autre type de conflit qui oppose des civilisations différentes. Guerre d’Afghanistan (1979-1989), guerre du Golfe, qui se trouvent être des affrontements Islamo-Occidentaux.

 Øles guerres civilisationnelles : se caractérisent par des affrontements très violents qui mettent en jeu les questions fondamentales d’identité, et trouvent leurs racines dans l’histoire. Dans les années 1990, les 2/3 des guerres civilisationnelles se déroulaient entre musulmans et non musulmans. Cela s’explique principalement par une prédisposition à la violence, à l’absence d’un Etat phare dans l’Islam et à l’explosion démographique. À travers les guerres civilisationnelles se développe la conscience identitaire. Si ces guerres sont intermittentes, elles ne sont pas pour autant interminables. Effectivement, si au départ il s’agit d’un conflit opposant deux Etats, très vite ceux-ci font appel à leurs “pays frères” c’est-à-dire des pays qui partagent la même civilisation. Le conflit se développe de part et d’autre, il échappe à tout contrôle.

 

vFace à cela, quel avenir pour l’Occident ? Aujourd’hui, tendance à décliner, mais n’en reste pas moins la 1ère puissance dans les domaines de la recherche scientifique et de l’innovation technique. Son avenir dépend de sa capacité à faire face aux problèmes internes d’ordre moral (la violence, le déclin de l’unité familiale, et du capital social, la faiblesse “éthique” et la désaffection pour l’activité intellectuelle), et également à élargir l’OTAN. Les efforts de l’Occident, pour promouvoir ses valeurs comme des valeurs universelles, engendrent des ripostes en provenance des autres civilisations et plus particulièrement de la connexion des Etats islamiques et confucéens. Intérêt de l'Ouest de promouvoir une meilleure coopération et l’unité à l’intérieur de sa propre civilisation :

-incorporer dans l’Occident les sociétés de l’Europe de l’Est et d’Amérique latine (dont les cultures sont proches de l’Occident) ;

-maintenir des relations étroites avec la Russie et le Japon ;

-de soutenir des valeurs et des intérêts de l’Occident ;

-renforcer les institutions internationales qui reflètent et légitiment les intérêts et les valeurs de l’Occident, et limiter l’expansion de la puissance militaire des civilisations hostiles.

vQuestion du maintien de la paix dans un monde multi-civilisationnel : les Etats phares ne doivent pas intervenir dans des conflits survenant dans les civilisations autres que la leur, mais procéder par “médiation concertée“. Le nouvel ordre mondial a changé la donne, il serait bon de modifier l’organisation et la répartition des sièges, des principales institutions internationales, pour qu’elles soient représentatives du monde actuel, et non de celui de l’après Seconde Guerre Mondiale.

vIn fine, chaque civilisation s’accorde à dire qu’un monde multiculturel est nécessaire. Pour autant, des dispositions universelles sont présentes dans toutes les cultures, et c’est bien cela qui fonde la coexistence culturelle, c’est-à-dire à accepter la diversité, et à rechercher les points communs. Cet effort contribuerait à atténuer le choc des civilisations, et à renforcer la Civilisation en tant que société civilisée et moderne. Toutefois, en cette fin de XXe siècle, cette Civilisation semble en danger avec le développement partout dans le monde de la violence, de la drogue, du déclin de la solidarité... L’avenir de la paix et de la Civilisation dépendent du comportement et des relations qu’entretiendront les principales civilisations entre elles

 

Perspectives – Problématiques

 

Pertinence du modèle 

 

üUn modèle qui rompt avec les visions binaires de la géopolitique (centre et périphérie, puissance terrestre et puissance maritime), constitué de centres de décisions multipolaires ; désormais l’Occident est condamné à perdre son monopole mondial et devra composer avec d’autres puissances émergentes (en particulier l’Islam et la Chine).. üUne vision globale du monde actuel et des enjeux à venir (les conflits seront dorénavant culturels), et ce dans le cadre de la géopolitique.

üFait entrer les modes de pensée (système religieux) comme une des données de la géopolitique

üUne vision particulière de la mondialisation : si la mondialisation procure l'illusion de l'universalisation et de l'émergence d'une « civilisation globale », elle ne suffit néanmoins pas à occulter les aspects historiques, culturels, linguistiques, religieux et traditionnels auxquels renvoie sa définition des civilisations. Par ailleurs, alors que le cadre de l'Etat-nation invitait les belligérants à opter pour un camp précis, comme lors des conflits idéologiques, le dépassement de ces contextes a conduit les belligérants à opter pour une civilisation ou une autre, ce qui les renvoie de facto à leur identité profonde. La mondialisation réveille donc les consciences identitaires en ouvrant la voie à des fondamentalismes de toute sorte, mais, plus encore, elle prône l'intégration économique régionale, qui renforce ce sentiment d'une part, et l'instrumentalise d'autre part.

üKissinger : “le livre le plus important depuis la fin de la guerre froide”.

üBrzezinski : “un tour de force intellectuel : une œuvre fondatrice qui va révolutionner notre vision des affaires internationales”. Même si toutefois elle gêne notre vision mondialiste en remettant sur le devant de la scène ce que la science a évacué c’est-à-dire la religion et son cortège d’irrationnel.

 

Critique du modèle

 

Wang Jisi identifie huit grandes critiques adressées au « choc des civilisations ».

 

1)Les chocs entre civilisations ne deviendront pas le conflit fondamental des RI. Les conflits continueront à impliquer la défense des intérêts des États. Selon ces critiques, les croyances jouent un rôle mineur dans les RI. Ces critiques proviennent surtout des réalistes et elles étaient majoritaires dans les critiques contenues dans Foreign Affairs.
2) Même s'il existe des différences entre les civilisations, ces dernières se développent et changent et elles tendent, malgré cette diversité, à s'inscrire dans un processus d'intégration mondiale. Cette intégration découle en partie des progrès scientifiques et technologiques et de la révolution dans le domaine de l'information.
3) La théorie du Clash laisse transparaître un sentiment de trouble et de désespoir face à l'Occident d'aujourd'hui. Huntington semble avoir de la difficulté à mesurer la possibilité de maintenir l'hégémonie occidentale.
4) Puisque le monde s'achemine vers une démocratie à l'occidentale, l'Occident devrait être confiant. La mondialisation est de plus en plus synonyme d'occidentalisation. L'anglais est parlé partout dans le monde.
5) L'affirmation selon laquelle les civilisations islamique et confucianiste vont s'allier contre l'Occident est sans fondement.
6) L'hypothèse de Huntington est marquée par une forte ambiguïté conceptuelle. Les principales étant celles qui excluent les civilisations slave/orthodoxe et Latino/américaine de la civilisation occidentale et celle voulant que le Japon soit dans une civilisation extérieure au confucianisme.
7) La théorie de Huntington n'apporte rien de nouveau. Arnold Toynbee et Quincy Wright ont déjà affirmé que les États appartenaient à des civilisations différentes et que leurs comportements dépendaient de cette appartenance.
8) La théorie de Huntington est simpliste et monolithique. De plus, elle associe dans une même approche toutes les perspectives possibles. Cette théorie manque donc de niveau d'analyse. Il devient ainsi difficile d'évaluer quels sont les conflits, politiques, économiques, idéologiques ou de civilisations, les plus importants. Telles sont les principales critiques adressées au modèle de Huntington

8bis) Voir aussi les très pertinentes critiques de D. Bigo sur la lutte pour la reconnaissance entre universitaires et la production de nouvelles cartes d’état major, visant à réinventer des lignes de fracture, des frontières à fonction sécuritaire qui légitiment les regroupements régionaux entre armées occidentales et la création d'un ancien ennemi sous une nouvelle peau : l'Orient

 

 

Perspectives : « Du Mur de Berlin aux tours de New-York », R.Rémond

 

Ouvrage paru en 2002 : l'historien français nie l'existence d'un « choc des civilisations » et en se concentrant sur la période 1989-2001, pour en dégager, malgré tout, les aspects positifs. Si les deux auteurs s'accordent pour identifier la fin des idéologies et l'essor de la mondialisation, ils n'en tirent cependant pas les mêmes conclusions pour la sécurité et la paix internationales. Rémond propose une vision différente de la nouvelle donne géopolitique, fondée sur la nécessité d'un développement partagé.                                                            ØUne vision plus optimiste et plus volontariste de la globalisation :Tout en rejoignant Huntington sur la réactivation paradoxale des identités civilisationnelles par la mondialisation, il souligne les progrès du droit et de la morale internationale, opérés depuis la fin de la Guerre froide. Les interventions militaires contre l'Irak, la Serbie, ou l'Afghanistan, en étant placées sous l'égide de l'ONU, ont accrédité l'idée de l'universalité des droits de l'homme, supérieure à la souveraineté des Etats – qui apparaissait jusqu'alors comme un dogme intangible. De même, la constitution d'un tribunal pénal international pour juger les crimes de guerre ou les crimes contre l'humanité témoigne des avancées morales réalisées par la communauté internationale – cette dernière expression étant déjà révélatrice.

ØFort ce constat, il souhaite que l'Occident fasse ouvertement la promotion des valeurs de justice et de démocratie. Appel à l'action se situe aux antipodes de la pensée de Huntington, pour qui les pays occidentaux ont tout à perdre à s'immiscer dans les affaires extérieures à leur civilisation (par des moyens militaires, économiques ou diplomatiques) et doivent avant tout, renforcer la cohésion interne de la civilisation occidentale pour préserver la paix mondiale. Un prosélytisme démocratique et moraliste aurait pour seul effet d'exacerber les consciences identitaires civilisationnelles, et d'agrandir, in fine, la fracture entre l'Occident et le reste du monde.                                                                                                                                                                                                                                     Ø Le 11 septembre et le choc des civilisations : dans son analyse de la situation héritée des attentats du 11 septembre, Rémond s’oppose à la thèse du partage du monde en civilisations hostiles les unes aux autres en affirmant que le choc envisagé n'a pas eu lieu. Si l'on a assisté d'emblée à une division entre le monde musulman, l'Asie et l'Afrique d'une part, l'Occident de civilisation judéo-chrétienne d'autre part, il est cependant difficile de considérer les blocs comme unis tant le ralliement à la cause américaine ou à celle des terroristes était partiel. L'historien invite donc dans un premier temps à se dégager d'une vision manichéenne, qui serait celle d'un «Huntington aggravé », opposant Islam et Occident, Bien et Mal ou encore Nord et Sud dans une problématique des croisades simplificatrice et réductrice.

 

Réflexions – Problématiques

 

ØDu World Trade Center à l’Irak, le début d'un choc larvé entre l'Occident et l'Islam ?

ØDe l’Afghanistan à l’Irak : les caractéristiques de la puissance américaine permettent-elles d’accréditer la thèse d’un monde multicivilisationnel ?

ØEn affirmant que la prétendue hégémonie de la culture occidentale n'est qu'un mythe, Hungtington ne vise-t-il pas avant tout à pousser l'Occident à identifier et contenir ses adversaires?

ØLes relations euro-américaines: l’identité civilisationnelle de l’Occident est-elle souhaitable et nécessaire ?

ØQuelles perspectives pour une Europe puissance face au couple Europe-Etats-Unis préconisé par Hungtington ?

Ø De la Turquie à la Malaisie :  peut-on parler de l’Islam comme d’ « une » civilisation ?

 

 

Message du forum : Attention, ne copiez pas cette fiche pour la rendre comme votre travail, ce n'est ni utile pour apprendre, ni honnête. De nombreux outils de détection du plagiat existent et vous serez donc détectés par votre professeur. Servez-vous en plutôt comme outil d'apprentissage, d'approfondissement ou de révision.