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Le chiisme - Relations internationales - Geopolitique - Analyse des dynamiques régionales et culturelles

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Le Chiisme

 

Chiisme et sunnisme constituent les deux principales branches de l’Islam. Bien que les chiites ne représentent que 10 % à 12 % des musulmans, soit 120 à 140 millions sur 1,2 milliards, ils n’en demeurent pas moins une force incontournable sur la scène internationale. 70 % des habitants de la zone côtière du golfe (3/4 des réserves de pétrole mondial) sont chiites,  la politique prosélyte de l’Iran chiite, ainsi que leur statut de minorité et d’exclu dans la majorité des pays du Golfe font de cette religion un mouvement extraordinairement explosif.

 

 

Origines du chiisme :

 

            « Shî » signifie « le parti de » : en effet, le chiisme naît d’un conflit de succession. Les chiites sont ceux qui sont « du parti » d’Ali. Lors de la succession du troisième calife Uthman, mort en 656, la communauté musulmane se divise et s’affronte (lors de la « bataille du chameau » = 1ère guerre opposant des musulmans entre eux). Les défenseurs d’Ali vont l’emporter, et de cette lutte naissent les deux branches de l’Islam.

            Les chiites ne reconnaissent que Ali comme premier successeur légitime de Mahomet, tandis que pour les sunnites il représente le quatrième calife. Ainsi, la scission majeure au sein de l’Islam, repose avant tout, malgré quelques différences doctrinales, sur une question politique : une lutte pour le pouvoir, une allégeance à un chef, à un imam particulier.

            Or, dans cette lutte, le chiisme va rester tout au long de son histoire exclu, minoritaire (excepté sous la protection des Bouyides de 945 à 1055). Cette humiliation politique devient une caractéristique propre du chiisme, encore aujourd’hui, et lui confère une charge explosive.

Le dogme : Différences entre sunnisme et chiisme :

 

→ Pour les sunnites, le cycle de la prophétie est clos ; tandis que le chiisme attend et prépare l’arrivée du « Mahdi » qui « comblera la terre de justice et d’équité autant qu’elle est actuellement remplie d’injustice et de tyrannie ». Cette attente, qui implique un rejet de l’ordre actuel et la préparation de l’arrivée du Mahdi est un facteur majeur de déstabilisation.

→ Les imams chiites préconisent des pèlerinages plus nombreux et spécifiques : mieux que la Mecque, Koufa, pour honorer le tombeau du fils d’Ali, Hussein et  Karbala pour honorer son martyre en 680.

→ Doctrine de « l’imamat » : pour le chiisme, l’existence dépend de la présence d’un imam vivant intercesseur entre le monde spirituel et temporel, entre le Prophète et les croyants. L’imam est doté, dans le cadre de l’exégèse (tawil) du Coran de l’ilm (connaissance), et de l’isma (infaillibilité). Cette importance accordée à l’imam n’a pas d’équivalent dans le sunnisme et explique l’organisation, la hiérarchisation et l’autorité du clergé chiite. (cf. clergé organisé à l’origine de la révolution islamique en Iran).

Cette spécificité naît au moment de la lutte pour la succession du troisième calife : selon les chiites, Mahomet aurait clairement désigné Ali comme son successeur. Le principe de désignation (que refusent les sunnites) est essentiel : il fonde le principe de wilayat al faquih (« pouvoir des légistes ») qui est la source du pouvoir des imams.

→ Méthode du Kalam (Raisonnement déductif) insiste sur le raisonnement, l’argumentation, le libre arbitre et le caractère créé du Coran, à l’opposé du sunnisme. Le sunnisme vient en effet de Sunna, c'est-à-dire la Tradition du Prophète qui comprend ses paroles, ses actes et ses pratiques. Être musulman sunnite revient donc à perpétuer mimétiquement la Tradition du Prophète.

→ Trois prières par jour pour les chiites au lieu de cinq pour les sunnites.

→ Les chiites profèrent des insultes rituelles à l’encontre d’Aicha, veuve de Mahomet et des trois  premiers califes non reconnus. C’est une relation frontale d’opposition qui régit les rapports entre chiisme et sunnisme, chaque branche revendiquant la vérité de l’Islam (cf. rapports entre l’Arabie Saoudite et l’Iran).

 

Différents mouvements du chiisme :

 

Les distinctions ne sont pas théologiques, mais politiques : elles portent essentiellement sur la  reconnaissance d’un ’imam.

 

Kaysanisme : cette branche du chiisme ne reconnaît que quatre imams successeurs de Mahomet. Elle est aussi à l’origine de la doctrine fondamentale du « Mahdi ». Dans le kaysanisme, le cinquième fils d’Ali, le Mahdi, pour se protéger se cache temporairement et reviendra pour instaurer un paradis sur terre et sauver les fidèles lors d’un jugement dernier. Ce balancement entre un imam physique présent et en mahdi occulté est caractéristique du chiisme.

Chiisme duodécimain : Cette branche, quantitativement la plus importante et religion officielle en Iran, reconnaît douze imams. Elle attend l’arrivée du Mahdi, pour elle,le douzième imam, Mohammed al Hassan, disparu depuis la Grande Occultation en 873 (Iran, Iraq, Sud Liban, Pakistan et Inde)

Chiisme septimain : les ismaéliens ne reconnaissent que sept imams. Ils se divisent eux-mêmes en plusieurs branches : les Fatimides, parmi lesquels, figure la secte nizariste des « Hachichyin » (Assassins), les qarmates présents à Oman et dans le Bahreïn. La grande majorité des ismaéliens reconnaissent un chef spirituel : l’Aga Khan auquel ils versent des dons. L’Aga Khan est présent sur la scène internationale notamment dans le cadre de l’aide au développement.

Les Druzes : Ils sont issus d’une scission de chiisme septimain mais se situent en marge extrême de l’Islam : ils croient en la réincarnation. C’est une secte fermée et extrêmement violente au Liban, ou en Syrie où ils sont près de  800 000.

Les Zaydites : Ils ne reconnaissent que cinq imams. Ils ont joué et jouent un rôle important au Yémen où ils ont constitué l’ossature de l’Etat jusqu’à la guerre civile en 1962.

 

Les chiites dans le monde :

 

-       L’Iran :

 

Depuis 1979 et la révolution islamique, le chiisme est religion d’Etat en Iran.  Outre les difficultés économiques et les inégalités du régime laïc et modernisateur du Chah, cette révolution peut s’expliquer par deux facteurs : en 1501, les séfévides imposent le chiisme comme religion officielle en Perse et le rôle du clergé chiite.

Le clergé iranien reflète toute l’importance accordée par le dogme à l’imam : au XIXème siècle, le clergé iranien s’organise, se hiérarchise et s’autonomise : il créé des écoles coraniques grâce aux impôts religieux et devient un réel pouvoir par son emprise sur les croyants. En 1979, l’ayatollah Khomeiny met fin au régime du Chah.

L’accession au pouvoir des religieux chiites bouleverse la donne géopolitique : la politique étrangère de l’Iran empreinte, au début, de « pan chiisme » va modifier les rapports de force régionaux par la création de mouvements radicaux bénéficiant de son soutien direct : Nasr, puis Wahdat en Afghanistan, les mouvements Amal et Hezbollah au Liban et le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak.

Dans la mesure où tous les pays du Golfe comptent de fortes minorités chiites souvent démunies et exclues, le prosélytisme iranien peut constituer un levier puissant de déstabilisation. Depuis plusieurs années cependant, l’Iran a normalisé ses relations avec les Etats sunnites voisins. Le soutien à l’Arménie contre l’Azerbaïdjan pourtant chiite, l’alliance avec la Russie et les Etats-Unis pour soutenir l’Alliance du Nord en Afghanistan, témoignent d’une prise en compte des intérêts de l’Iran en tant qu’Etat et d’un délaissement du chiisme transnational.

 

-       Les populations chiites du Moyen-Orient :

 

Les Azéris : L’Azerbaïdjan est composé à 75 % de chiites duodécimains. L’exploitation du pétrole à Bakou confère à cette population une certaine importance.

Les Hazaras en Afghanistan : Depuis le XVIIIème siècle, ils sont dominés par un Etat pachtoun sunnite. Ils représentent aujourd’hui 16 % de la population. Cette minorité composée de prolétaires urbains exclus reste cependant un facteur de déstabilisation par sa position stratégique au cœur de l’Afghanistan, la force de son clergé formé en Iran et le soutien de l’Iran voisin dans sa lutte contre les pachtouns sunnites.

Les Alevis en Turquie : ¼ de la population turque est chiite. Les alevis sont une minorité explosive : ils forment une secte très fermée à l’image des Druzes et ont toujours été dominés par les autorités centrales : l’Empire ottoman, chantre du sunnisme et l’Etat laïc.

→ Les chiites ismaéliens du sous-continent indien : ils sont plus de 30 millions au Pakistan et plus de 25 millions en Inde. Ils posent cependant des problèmes politiques en tant que minorité dans le Pakistan sunnite et en Inde : Þ terrorisme des groupes Tehrik et Jafria qui firent plus de 400 morts en 1994.

Les Zaydites du Yémen : jusqu’en 1962, le zaydisme est religion d’Etat au Yémen.

Les Alaouites de Syrie : C’est une minorité (13 % de la population) qui a réussi à prendre le pouvoir dans un Etat à majorité sunnite.

→ Les chiites libanais : Ils se divisent en plusieurs communautés : les Druzes, ceux représentés par le Hezbollah pro iranien, et les milices Amal.

→ Les chiites en Arabie Saoudite : ils sont minoritaires dans le Pays mais sont massivement présents dans les régions pétrolifères comme Hasa, où ils constituent une main d’œuvre bon marché.

→ Les chiites représentent 25 % de la population du Koweït, 20 % de celle du Qatar et 65 % de celle de Bahreïn.

 

-       Le paradoxe iraquien :

 

            Les lieux saints du chiisme (Karbala, Nadjaf) se trouvent en Irak, les chiites y sont majoritaires (55 %), mais ils ont toujours été soumis à la tutelle sunnite de Bagdad (sauf sous les Bouyides). En 1920, les révoltes contre la domination hachémite de Bagdad sont écrasées dans le sang par la Grande Bretagne. Dans les années 1970, le parti Baas de Saddam Hussein tente d’industrialiser la région pauvre de Bassora pour dissoudre la spécificité chiite, mais la révolution islamique de 1979 en Iran et la tentative d’instrumentalisation des chiites iraquiens par Téhéran pendant la guerre Iran Iraq va provoquer le massacre des ces populations chiites: dans les années 1990, plus de 40 000 chiites iraquiens sont gazés.

Leur avenir semble aujourd’hui plus ouvert : l’occupation de l’Irak par la coalition américaine leur offre la possibilité d’une plus grande représentativité politique. Elle soulève par ailleurs  d’autres interrogations sur les rapports avec l’Iran notamment : l’émergence des chiites en Irak va-t-elle créer un deuxième pôle chiite concurrent du pôle iranien ?

 

Chiisme et démocratie :

 

Le chiisme s’oppose-t-il à la démocratie ou est-il conciliable avec les exigences qu’elle implique ?

Le chiisme rencontre les difficultés propres à l’Islam : religion qui associe par nature pouvoir temporel et spirituel, religieux et politique. Or, les démocraties occidentales se sont construites par un affaiblissement du pouvoir religieux au profit du pouvoir politique. De plus, la doctrine propre au chiisme de l’ « imamat » contredit le principe démocratique de souveraineté populaire. Le pouvoir appartient à l’imam, autorité temporelle et spirituelle suprême apte à interpréter et édicter la loi divine : la charia. C’est sur cette doctrine que la révolution islamique de Khomeiny s’est appuyée : c’est le « wilayat al faquih » (« tutorat des jurisconsultes »), principe constitutionnel en Iran qui fonde le pouvoir du Guide de la Révolution et du Conseil des Gardiens.

Cependant, quelques intellectuels musulmans avancent l’idée que le chiisme est conciliable avec la démocratie. Ils nuancent le fondement théologique du wilayat al faquih en démontrant l’instrumentalisation que le régime khomeyniste en a faite, et font valoir un autre principe musulman : la choura (assemblée) adaptable au principe de démocratie représentative. Enfin, ils relèvent que les chiites, minoritaires dans le monde musulman, ont en fait intérêt à s’adapter aux principes démocratiques de reconnaissance des minorités  et de leur participation à la vie politique.

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