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L'Afghanistan et la stabilité de l'Asie centrale - Relations internationales - Geopolitique - Analyse des dynamiques régionales

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L'Afghanistan et la stabilité de l'Asie centrale

 

L’Asie centrale n’est plus, si jamais elle l’a jamais été, cet espace supposé mystérieux où l’on est tenté de situer ce « désert des tartares » dans lequel, selon Buzzati, rien ne se passe, ou ce vaste espace de steppes évoqué par la musique de Borodine dans lequel l’actualité n’est constituée, de loin en loin que du passage d’une caravane.

Introduction :

 

Déjà avant 1914 l’Asie centrale, et en particulier étaient le théâtre du « grand jeu » entre les Britanniques de l’Empire des Indes et les Russes essayant d’étendre leur empire vers les mers chaudes en poussant vers l’Afghanistan : les Soviétiques s’y essaieront à nouveau à partir de 1979 pour y connaître un échec plus cuisant encore que celui de leurs prédécesseurs. Bouleversé par le chaos de l’invasion de l’extérieur, puis de la guerre civile à partir de la fin de cette invasion soviétique, puis de l’anarchique et tyrannique régime des  Talibans, labouré  enfin des bombes américaines de la « liberté immuable » (« Enduring freedom ») de l’après-11 septembre 2001, l’Afghanistan justifie plus que jamais sa place sur cet « arc des crises » qui selon certains observateurs s’étend des Balkans aux frontières de la Chine. C’est pourquoi il est utile de s’interroger sur la place de ce pays tant convoité dans la stabilité régionale idéalement recherchée pour la région dans laquelle il s’inscrit : l’Asie centrale.

A cet égard, il convient d’abord de constater le tableau géopolitique de l’Afghanistan qui constitue sans doute une bonne partie de la réponse (I) avant de s’interroger sur la conjoncture plus récente et les tentatives de stabilisation (II) dont il est à la fois l’objet et le sujet.

 

I - La géopolitique de l’Afghanistan : une clé de voute pour la stabilité de la région d’Asie centrale


            A- Un verrou géographique

 

            L’Afghanistan constitue une zone-tampon entre de grands pays, et autrefois deux grands  empires (russe et britannique). Aujourd’hui l’Afghanistan constitue un enjeu pour : la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, la Russie et enfin les Etats-Unis. Il est le verrou dont la disposition conditionne l’acquisition de l’influence dans toute l’Asie centrale :

            - pour le Pakistan, l’Afghanistan est la nécessaire « base arrière », nécessaire à l’acquisition d’une « profondeur stratégique » face à l’Inde, qui est conçue comme le principal danger pour la sécurité du pays. Islamabad estime, non sans raison, qu’il lui faut un gouvernement ami à Kaboul. En outre l’ethnie dominante en Afghanistan est aussi très présente au nord du Pakistan (les pachtounes)

            - pour la Chine, l’Afghanistan (avec lequel elle a une frontière, aux monts Pamirs) est une voie de communication avec le Pakistan qui constitue une alliance de revers contre cette Inde avec laquelle elle a des relations difficiles, des contentieux territoriaux, culturels, politiques.

            - la Russie, même si elle n’est plus directement au contact de l’Afghanistan, ne peut se désintéresser d’un pays à partir duquel peut s’exercer sur les pays d’Asie centrale qui font encore partie de sa sphère d’intérêts sinon de sa sphère d’influence. Elle ne peut accepter d’y voir devenir prépondérante l’influence d’un pays concurrent ou hostile.

            - L’Inde prête à l’Afghanistan un intérêt pratiquement symétrique à celui du Pakistan, et pour les mêmes raisons

            - L’Iran ne peut se désintéresser d’un pays partiellement persophone, à partir duquel se fait un actif trafic de drogue vers sa nombreuses population, et où se trouve aussi une nombreuse population chiite (les Hazaras).

            - les voisins de l’Afghanistan savent que ce pays est partiellement peuplé de gens de leur ethnie : turkmènes et ouzbeks ont des « cousins turcophones » de l’autre coté de la frontière. Ils ne pouvaient être indifférents aux agissements de Dostom qui était des leurs. Les Tadjiks (dont était le commandant Massoud) occupent aussi le nord de l’Afghanistan et on a mentionné les Pachtounes, qui sont aussi très présents au Pakistan. Pour tous ces pays, la « capillarité ethnique » est à la fois un  vecteur d’influence sur le pays et un risque d’exportation vers eux du désordre et des mouvements illicites  et déstabilisants (drogue surtout, mais aussi islamisme) qui l’agitent.

            - les Etats-Unis enfin peuvent espérer faire de l’Afghanistan leur tête de pont pour acquérir une influence importante dans une région du monde dans laquelle ils étaient pratiquement absents jusqu’à la fin de l’URSS.

 

            B- Un pays difficilement gouvernable.

                - L’Afghanistan est une mosaïque ethnique ainsi qu’on vient de le dire : si les Pachtounes dominent ils ne sont pas un facteur d’unité du pays, mais leur domination constitue plutôt un risque : si elle se fait trop présente le reste du pays se ligue contre eux : les Talibans ont eu contre eux l’Alliance du Nord sur base au moins autant ethnique que politique. Inversement les Soviétiques ont pu un instant espérer déstabiliser le Pakistan alors pro-américain du général Zia-Ul-Haq en envisageant la création d’un « Pachtounistan » qui  ferait éclater ce pays. Certaines ethnies comme les Baloutches se retrouvent non seulement en Afghanistan et au Pakistan mais aussi en Iran.

            - non seulement il n’y a pas d’unité ethnique, mais l’unité religieuse n’est pas ce que l’on pourrait croire. Certes tous les Afghans se sentaient musulmans contre un envahisseur « infidèle » comme les Soviétiques. Mais les Sunnites haïssent les Chiites et se livrent contre eux à des massacres d’autant plus terribles qu’ils peuvent passer pour la main de l’étranger (surtout s’ils sont persophones comme dans la région d’Hérat).

            - et enfin même dans les régions où existe un semblant d’unité ethnique et/ou reglieuse, la structure sociale reste tribale, chaque chef local restant jalousement attaché à ses prérogatives et n’acceptant guère de Kaboul qu’une tutelle symbolique comme celle qu’exerça un temps le roi d’Afghanistan Zaher Shah (aujourd’hui nonagénaire ou peu s’en faut).

            L’Afghanistan est donc le coeur instable d’une région elle-même instable ou déstabilisée par de multiples événements depuis la fin de l’Empire Britannique des Indes au moins. Il constitue un terrain de compétition tant pour les influences internes (chefs de guerre et tribaux) que pour les influences externes, tous ses  voisins ayant des motifs de considérer que les affaires afghanes sont aussi un peu les leurs. C’est pourquoi la stabilité de la région supposerait celle de l’Afghanistan. mais sur ce point on est en droit d’être pessimiste.

 

II - Une stabilité impossible ?

 

            A- la stabilisation de l’Afghanistan : un travail à peine engagé.

 

            - rappelons-le d’abord, en 2004 on peut dire que l’Afghanistan est en état de conflit pratiquement ininterrompu depuis un quart de siècle (décembre 1979 : invasion soviétique) causant la dévastation d’un pays déjà très arriéré, et détruisant pratiquement le seul élément de stabilité qu’il possédait : une certaine stabilité du peuplement. Les guerres étrangères et civiles ont en effet causé des déplacements de populations qui rendent plus difficile encore aujourd’hui la reconstruction du pays.

            - le gouvernement afghan actuel, mis en place par les Etats-Unis pour l’essentiel ne contrôle en fait que la région de Kaboul et a les plus grandes difficultés à exercer même un semblant d’autorité sur le reste du pays. La « Loya Jirga » ou « grande assemblée » constitutionnelle formée de chefs tribaux n’a pas pu mettre sur pied un régime constitutionnel clair : si le président Karzaï (et les Pachtounes dont il est issu) voulaient un régime présidentiel (« à l’américaine ») qui aurait consacré son influence sur l’exécutif, les groupes tribaux ont en fait imposé un régime donnant au Parlement (où tous les groupes tribaux seront représentés comme autant de groupes de pression) la main sur les ministres (qui seront finalement responsables devant lui individuellement). Il est peu vraisemblable que ce régime fonctionne de manière satisfaisante : l’Afghanistan est un pays qui a besoin d’une autorité centrale.

 

            B- une stabilisation vraisemblablement très mal engagée.

 

            La division du travail envisagée par les Etats-Unis (US fights, UN feeds, EU funds) ne fonctionne pas. Il y a en fait peu d’implication de la communauté internationale : les Etats-Unis ont désormais l’Iraq comme priorité et si les Européens avaient les moyens et la volonté d’entamer une oeuvre de reconstruction économique, ils le feraient sans doute plutôt en Europe de l’est, ou dans leurs zones d’influence traditionnelle (Afrique) que dans un Afghanistan qui ne leur est rien ou presque. L’Allemagne et quelques autres pays jouent un rôle militaire subsidiaire en Afghanistan où les sommes consacrées à la reconstruction se comptent en millions de dollars alors que les sommes consacrées à la guerre ou à la sécurité intérieure se comptent en milliards (et sont d’ailleurs surtout détournée vers l’Irak aujourd’hui).

            Il n’est pas certain que les voisins de l’Afghanistan aient intérêt à favoriser la stabilisation du pays si elle doit se faire sous l’égide américaine : est-ce l’intéret de la Chine ou de la Russie de voir un Afghanistan stabilisé sous la tutelle de Washington ? est-ce l’intérêt de l’Iran qui a en outre un main dans le pays grâce aux chiites et aux persophones ? quant au Pakistan il a déjà assez à faire à se stabiliser lui-même et son intéret à court terme est sans doute d’essayer d’éviter l’importation chez lui du désordre afghan.

            Enfin il n’est pas certain que les Afghans eux-mêmes aient tous intérêt au succès d’une stabilisation à l’américaine. L’Alliance du Nord combattait les Taliban plus en tant que Pachtounes et comme menace à leur autonomie tribale (ils sont turcophones, chiites ou tadjiks pour l’essentiel) qu’en tant que musulmans extrémistes. Ils appuyaient donc les Etats-Unis dans leur lutte contre le gouvernement de Kaboul. Mais ce n’était certainement pas pour y voir s’y installer un autre gouvernement Pachtoune (pro-américain cette fois), celui de Hamid Karzaï, qui menace tout autant leur autonomie traditionnelle.

            L’Irak passe aujourd’hui pour un « aimant à terroristes anti-américains ». Il n’est pas certain que l’Afghanistan soit totalement écarté de ce genre de vocation.

 

Conclusion : l’Afghanistan d’aujourd’hui relève de ce mot qu’on prête à Catherine de Médicis à Charles IX au lendemain de la Saint-Barthélémy : « C’est assez taillé mon fils, à présent il faut coudre ». Mais ce qui était possible dans une France qui déjà au XVIème siècle avait une force de conscience nationale semble encore assez largement hors de portée pour un Afghanistan qui semble comme toujours un costume d’Arlequin, et d’autant plus que ses voisins n’ont pas nécessairement plus envie d’un Afghanistan unifié que ses propres habitants.

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