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La question de l’adéquation entre Islam et capitalisme a été longuement débattue aussi bien par les théoriciens musulmans, que les économistes ou bien encore les historiens occidentaux et orientaux. Il est difficile évidemment de discuter d’un problème comme celui qui est abordé ici alors que le concept même de capitalisme fait l’objet de tant de définitions divergentes. |
Problématique :
Dans quelles mesures le dogme islamique et les principes inhérents au capitalisme sont ils compatibles ? Dans quelles mesures l’islam peut elle intégrer les caractéristiques de la nouvelle économie de marché mondiale ?
Introduction :
Pour Weber, il s’agit d’une « une activité économique qui attend un profit de l’utilisation de toutes circonstances favorables à un échange, c’est à dire qui repose sur des occasions de profit ». Mais au sens plus large, il est caractérisé par un « système économique » particulier où le secteur capitalistique tient une place dominante et par une superstructure idéologique et institutionnelle correspondante. En revanche, le terme économie (Iqtisad), abordé également dans le Coran, est utilisé dans le sens du juste milieu et de la modération. Cela signifie que celui qui épargne son argent et le dépense avec modération ne tombera pas dans le besoin. De là découle des interprétations différentes quant aux liens qui unissent les termes d’Islam et de capitalisme. Les musulmans sous l’effet de la piété ou du nationalisme, tenaient à montrer que rien, dans leur tradition religieuse, ne s’opposait à l’adoption de méthodes économiques modernes et progressives ou encore que ladite tradition était orientée vers une justice économique et sociale. D’autres qui sont plutôt hostiles aux dites méthodes économiques modernes et progressives, veulent au contraire montrer que l’Islam, en interdisant à ses adeptes toute initiative économique progressive, voue ceux-ci à la stagnation. Il est donc important de ce demander dans quelles mesures le dogme islamique et les principes inhérents au capitalisme sont ils compatibles ? Dans quelles mesures l’islam peut elle intégrer les caractéristiques de la nouvelle économie de marché mondiale ? Dans cette optique nous verrons que si les dogmes de l'Islam semblent tout à fait compatibles avec les principes du capitalisme dans un premier il n’en reste pas moins dans un second temps que son style original d'organisation sociétale se heurte aujourd'hui au nouveau visage du capitalisme mondial.
I. Les principes du capitalisme ont leur traduction dans l’organisation sociétale islamique...
A. Les deux sources fondatrices de l’islam en adéquation avec les principes théoriques du capitalisme...
1. Le Coran et la tradition du prophète (sounnah) base de la gestion économique de la société.
2. Des sociétés dont le commerce et le développement de la concurrence ne sont pas étrangères.
B. ...et qui appellent a une politique de justice sociale islamique.
1. Un système qui tend à faire diminuer les inégalités sociales…
2. …mais qui fait appel a l’initiative personnelle incompatible avec les réalités économiques.
II. ...mais dont le style original se heurte aujourd’hui au nouveau visage du capitalisme mondiale : la recherche d’une voie alternative.
A. L'interaction entre la culture musulmane et l'histoire économique à l'origine d'une voie alternative originale...
1. La prééminence de la culture dans l'histoire économique des pays musulmans.
2. Une voie alternative qui allie en théorie justice sociale et profit économique.
B. ..mais qui s'est heurté aux réalités économiques et sociales mondiales.
1. L'échec de la tentative socialiste...
2.…à l'origine d'une adaptation à l'économie de marché mondiale.
Conclusion :
L’opposition
fondamentale de l’Islam au capitalisme est un mythe. Sur le plan théorique,
la religion musulmane n’élève aucune objection contre le mode de production
capitaliste. Au Moyen Age, il est vrai que c’est développé certaines mesures
d’interdiction de certaines pratiques économiques particulières
indispensables à la formation du système économique capitaliste moderne et
qui sont déjà plus ou moins une entrave au développement d’un secteur
capitalistique. Ainsi rien n’indique de façon contraignante que la religion
islamique ait empêché le monde musulman de se développer dans la voie du
capitalisme moderne. Il existait même dans les sociétés préislamiques un
système capitaliste fort qui n’a pas rencontré de limitation fondamentale
avec l’apparition de l’Islam. La perpétuelle quête de justice sociale s’est
avéré être un échec et l’alliance entre principes capitalistes et idéal
social n’a pu être que théorisé sans trouver d’application concrète dans la
sphère économique contemporaine. On tend donc à s’éloigner du point de vue
Wébérien qui attribue à la rationalité spécifique de l’Européen le
développement du capitalisme moderne en Europe et en Europe seulement. Face
à une mondialisation de plus en plus accu de la sphère économique, les pays
musulmans ont dû s’adapter aux nouvelles réalités économiques et abandonner
leur idéal de justice sociale plus utopique que réaliste.
LEXIQUE
Baït al-mal : Trésor public de l’Etat islamique.
Bid’a : innovation : pratique contraire à la tradition du prophète et des préceptes coraniques.
Califat : la présidence de la nation musulmane. Le Califat islamique a débuté par Abou Bakr et s’est terminé avec Atatürk qui l’a symboliquement supprimé en 1924
Char’ia : Législation islamique composée du Coran et de la sounna et de la jurisprudence.
Coran : Livre de saint de l’islam et des musulmans.
Fatwa : Décision juridique prise par le jurisconsulte musulman (Faquîh).
Hadîth : les paroles du prophète Mohamed.
Halâl : licite.
Harâm : illicite.
Hisbâ : La fonction de contrôle et de surveillance des marchés dans la société musulmane. Elle s’élargie avec le développement de l’organisation de l’Etat à la surveillance des la morale et de l’ordre public. Son origine islamique est contestée par certains historiens qui pensent que la hisbâ est grec et qu’elle portait le nom d’Agronomoi.
Iqtisad : Economie en arabe. En islam le terme signifie l’utilisation de la juste mesure dans la dépense et en général dan toute chose.
Ichtarakiya : Le socialisme.
Maks : Impôt payé par les commerçants en contre partie de leur installation dans le marché. Elle concerne aussi les taxes payées à la frontière du pays sur les marchandises importées ou exportées.
Mou’âmalat : les affaire et les transactions.
Moucharak : investissement particulier en islam
Moudâraba : investissement engageant le partage des pertes et profits.
Mourabahâ : Transaction commerciale.
Maslabah : Intérêt public.
Moulk (mâl) : propriété effective d’un bien.
‘Ouchour : droit de douane.
Quanûn : Loi règles administratives.
Raâsmal : Le capital
Raâsmaliya : Le capitalisme.
Rabih’ : Le profit.
Ribâ : Usure ou taux d’intérêt. Interdit en Islam. Le ribâ est de deux sortes : ribâ an nasia qui est l’intérêt en contrepartie de l’ajournement ou le rééchelonnement du paiement de la dette. Le ribâ al fadl est la vente ou l’échange d’un bien d’une même nature avec un surplus.
Sounna : La tradition du prophète, ses paroles et actions.
Sourate : Chapitre du Coran.
Tas’ri : La fixation des prix. Domaine a polémique chez les savants musulmans.
Zakât : aumône légale. Impôt religieux payé par le Musulman sur ses biens annuellement. Initiative personnelle sans intervention nécessaire ni régulation de l’Etat.
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Collection Que sais-je ?
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VALMONT A. Economie du monde arabe et musulman
Périodique années 1991 1992 1993 Edition ENAM.