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Cours d'economie - Economie politique - Analyse des crises - L’Etat et la crise japonaise

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L’Etat et la crise japonaise

 

Le Japon est un actuellement dans une situation paradoxale. Il est en effet un pays très riche, la deuxième puissance mondiale après les Etats-Unis, mais il traverse depuis plus de dix ans une crise importante qu’il n’est pas encore parvenu à enrayer.

Cette crise est qualifiée par de nombreux économistes de « décennie perdue ». En effet, après l’éclatement de la bulle financière, on a assisté à une crise de l’investissement et de la demande, une faible croissance, une augmentation du chômage, une période de déflation, ce qui a fortement atteint la confiance des acteurs économiques. L’Etat, en tant qu’agent allocataire et répartiteur de ressources, mais surtout agent stabilisateur devant assurer les équilibres macro-économiques, était en première ligne quant à l’enrayement de cette crise.

Le caractère exceptionnellement long de cette crise conduit à nous interroger, notamment sur le rôle de l’Etat, son poids historique dans la société japonaise. Pourquoi n’a-t-il pas réussi à enrayer cette crise ? N’a-t-il pas également joué un rôle dans son apparition ? La crise japonaise est-elle également une « crise de l’étatisme » comme l’a souligné Alan Greenspan ?

Le fait que l’Etat ne soit pas étranger au développement de cette crise et l’inefficacité des politiques qu’il a menées pour tenter d’y remédier conduit à repenser son rôle dans un Japon en profonde mutation.




1. L’Etat a une part de responsabilité dans la crise des années 90

A. Une gestion inappropriée de la bulle financière

- A favorisé sa formation

Retour sur le contexte : Suite aux Accords du Louvre : Japon comme moteur de l’économie mondiale donc taux d’intérêt baissé à 2,5%

à Boom des investissements (taux d’investissement à 20% par an contre 17%) et de la consommation (forte demande intérieure),

à Forte croissance (5% par an entre 1986 et 1991)

à Stimulation des placements en Bourse comme dans l’immobilier (forte hausse des prix)

à Intense spéculation boursière : bulle financière. Transactions journalières multipliées par deux entre 1986 et 1989 (16 millions de japonais avaient des actions en 1986 contre 24 millions en 1989).

En 1989, au pic de la bulle, la capitalisation des bourses japonaises dépassait celle des EU.

Les deux phénomènes de bulle financière et de boom économique s’entretenaient l’un l’autre.

 

è La Banque du Japon n’a pas mis en place de politique monétaire restrictive et a laissé s’accroître la masse monétaire à plus de 10% l’an (pas de forte inflation sur les biens et services à cause de l’endaka (hausse du yen) qui faisait pression sur les prix des biens et des services, renforcée par la désinflation mondiale. Inflation seulement sur les actifs)

è Politique monétaire dangereuse car risque de forte crise si augmentation des taux.

- A pris des mesures trop brusques qui ont provoqué son éclatement

1989 : arrivée de Yasushi Mieno comme gouverneur de la Banque du Japon à Politique de refroidissement monétaire devant les risques provoqués par cette spéculation massive et cette surchauffe inflationniste

à Relèvement brutal des taux d’intérêt (de 2,5% à 5,25% en 1989 et 6% en août 1990) et limitation des possibilités de crédits.

à Dégringolade de l’indice Nikkei (perte d’1/3 de sa valeur entre janvier 1990 et janvier 1991), chute des prix de l’immobilier (choc patrimonial)

à Détérioration de la situation des banques, créances douteuses (évaluées à 1/3 du PIB), faillites

Cette politique monétaire a été comparée par le représentant de la DBank à Tokyo comme « demander à un homme souffrant d’une pneumonie de traverser la Manche à la nage en plein mois de janvier ».

è Affecta la confiance de tous les acteurs dans l’économie, mais aussi dans les autorités régulatrices (Banque du Japon, Ministère des Finances) et donc dans l’avenir. Conséquences durables, encore visibles aujourd’hui (fort taux d’épargne).

B. L’Etat n’a pas réellement tenu compte des faiblesses du système

- Fragilité du système bancaire

Ministère des Finances trop confiant dans la situation des banques au moment du relèvement du taux d’intérêt de 1990 : pas de soupçon quant à la crise structurelle qui allait s’ensuivre alors que les banques avaient fait le choix de placements rapidement rémunérateurs et de crédits spéculatifs puisque beaucoup de firmes avaient choisi de s’autofinancer.

Car : seulement un faible contrôle des institutions, qui devait être mené par le Ministère des Finances et la Banque du Japon. Le contrôle n’était souvent que formel et le laxisme régnait.

 

De plus, l’architecture rigide des marchés financiers s’est mal accommodée de la déréglementation partielle causée par l’insertion internationale du Japon dans l’économie mondiale. La libéralisation financière a déstabilisé les fondements d’un système reposant sur la coopération étroite des banques, des entreprises et de l’Etat.

 

- Inadaptation du système économique japonais aux mutations de l’économie mondiale et à la mondialisation dont l’Etat n’a pas tenu compte :

-         Trop d’intervention de l’Etat (dépendance du privé, corruption)

-         « Trois trésors » plus adaptés aux exigences libérales de flexibilité (emploi à vie, salaire à l’ancienneté, syndicat d’entreprises)

-         S’est construit dans le cadre d’une économie « protectionniste », protégée des flux. Changement dans les ’80 : mondialisation ; firme étrangères empruntent leurs techniques de compétitivité

Parallèlement au fait qu’il n’ait pas été étranger au déclenchement de la crise, l’Etat n’a pas réussi à l’enrayer grâce aux armes budgétaires ni monétaires. Cela prouve que cette crise est atypique, plus structurelle que conjoncturelle, ce qui a finalement contraint l’Etat à mener une réflexion sur son rôle dans l’économie japonaise.

2. L’inefficacité des politiques mise en place pour enrayer la crise conduit à repenser le rôle de l’Etat au Japon

A. Policy-mix inefficace

- Politique monétaire permissive

Volonté : lutter contre la récession, alléger les contraintes des banques, relancer l’investissement : Taux d’intérêt de 6% à 2,5% en 1993 puis 0,5% en septembre 1995 à Effets décevants de cette politique monétaire expansionniste :

Demande de crédit toujours faible, peu d’investissement à cause du surinvestissement pendant l’expansion.

Création d’une trappe à liquidité : monnaie créée gardée en encaisses en attente d’occasions meilleures de placement car perte de confiance dans l’économie et le système financier.

à anticipations de croissance sont durablement faibles.

!!! A tout de même évité l’entrée dans une spirale déflationniste car a permis d’arrêter la baisse des prix et a stabilisé les prix des actifs, ce qui a pu rassurer les investisseurs.

- Politique budgétaire de relance keynésienne

6 Plans de relance successifs entre 1992 et 1996 (aides aux PME, grands travaux, aides à la recherche, soutiens au système bancaire), à nouveau en 1998 suite à la crise asiatique.

à Déception : pas de réelle reprise du PIB (ex : 0,8% contre 7,6% investis en 1993).

Dérive considérable des finances publiques : déficit budgétaire entre 5 et 7% du PIB alors qu’excédent en 1992. Dette publique = 140% du PIB en 2002

 

Suite à la reprise de 1996, rigueur (hausse des prélèvements, baisse des dépenses publiques) pour réduire les déficits (dette : 87%, déficit : 7%)

à impact négatif sur l’investissement, la consommation et la Bourse car inadaptation aux besoins des banques et des entreprises qui étaient loin d’avoir terminé leur assainissement.

 

Pourquoi l’effet multiplicateur n’a-t-il pas fonctionné ?

Crédits injectés pas été investis à l’intérieur, mais consacrés à des infrastructures contestables ou à des investissements financiers aux Etats-Unis. A profité aux secteurs les plus improductifs : immobilier, construction, distribution (soutiens électoraux du parti Lib-Dem au pouvoir depuis 1995). Pas de restructuration des industries malades.

Si aucun n’a rencontré de succès c’est que les causes sont profondes (crise de confiance) : économie japonaise en profond changement

 

B. La nécessité de repenser le rôle de l’Etat

- Demande de l’OCDE et du FMI de passer d’un modèle de croissance induite par l’Etat à un modèle impulsé par le marché.

Procès d’un capitalisme japonais qui aurait le tort de privilégier la « main visible » au détriment de la main invisible.

 

- Etape difficile au vu de la place qu’il occupe dans l’économie

Rôle traditionnel d’intervention

Depuis l’ère Meiji, l’Etat a joué un rôle central pour l’orientation économique à long terme. Pendant la période d’après-guerre, l’Etat a mis en place un système de planification (Agence de planification) guidant et encadrant le capitalisme privé.

Le MITI (Ministery of International Trade and Industry) a toujours joué un rôle important comme « coordinateur » des actions de l’Etat.

- Il lui est difficile d’accepter une politique de libéralisation et de déréglementation générale, qui équivaudrait à une remise en question fondamentale de sa manière d’être et de faire. Elle bouleverserait les équilibres internes de la société. De ce constat découlent en grande partie l’inaction et l’indécision du politique et de l’appareil bureaucratique tout au long de la crise des dix dernières années.

- Réformes structurelles importantes depuis 1998

 

Dès 1996 : volonté de réformer la structure de l’économie

Forte volonté de déréglementation : fin des monopoles dans les transports, les télécommunications, l’énergie. Continuer les privatisations.

à Introduire de la concurrence pour revitaliser l’économie.

1998 : Nationalisation des banques en quasi-faillite et utilisation de fonds publics pour la restructuration des banques. Nouvelle autorité de tutelle des banques : « Financial Supervisory Agency » à Réaction positive des marchés (suppression du « japan premium » qui sanctionnait le système bancaire japonais en lui infligeant pour ses emprunts des taux plus élevés que ceux accordés aux banques de bonne réputation).

-         marché libre (mécanismes de marché)

-         marché codifié (règles protégeant les investisseurs)

-         marché global (accessible à tous les investisseurs)

 

2001 : Vers une « société compétitive solide et créative » avec un gouvernement de plus petite taille mais plus efficace (réduction du nombre de ministères :de 22 à 13) pour préparer les réformes de la fiscalité et de l’éducation.

- Réforme administrative

Limitation du pouvoir de la bureaucratie d’Etat, transparence de l’action des fonctionnaires.

Conclusion :

 

Selon Artus, l’échec des politiques de relance vient du fait que « La relance keynésienne ne peut agir que de manière contracyclique. Or le problème du Japon n’est pas conjoncturel mais structurel ». Cette crise peut en effet être analysée comme une période longue pendant laquelle il est indispensable de chercher non seulement des solutions immédiates mais aussi de long terme. C’est pour cela qu’il est aujourd’hui nécessaire que l’Etat mette en place des réformes et repense son rôle, ce qu’il a commencé à faire. Toutefois, celles-ci sont entreprises dans un cadre difficile et ne seront pas, à court terme, favorables à la croissance ni à l’emploi (en effet, toujours déflation en septembre, et ceci depuis 4 ans, taux de chômage à 5,1%, dépenses de consommation reculent également). C’est pourquoi l’Etat se doit de trouver un équilibre avec le maintien d’un minimum de croissance pour lui permettre de continuer dans cette direction et, à long terme de trouver un modèle qui soit propre au Japon.

 

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