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Cours d'économie - Notions économiques - Le concept de rente

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Le concept de rente

 

En termes économiques, la rente est un revenu procuré par un bien foncier, un bien immobilier, un emprunt d’Etat ou encore une situation particulière dans laquelle se trouve un producteur, (par exemple une différence de prix due à la fertilité du sol.) Il s’agit de s’intéresser aux acceptions du concept de rente, et pour cela on va s’appuyer sur son histoire.


Dans l’ouvrage History of economic analysis (1954), J.A. Schumpeter s’intéresse aux débats entre économistes à propos de la rente. Mais cet ouvrage est une exception. Dans les années 60, en effet, il n'est pas question de cette théorie dans l'enseignement et les manuels d'économie politique soit qu'elle soit considérée comme dépassée car reflétant une période antérieure à l'ère industrielle, soit qu'elle ait été banalisée en sur-profit ou surplus de productivité à travers sa généralisation à tous les facteurs de production.

 

Cerner le concept de rente

Quatre points se dégagent :

 




- la nature de la rente. C'est un surplus de produit sans coût ou un excédent de bénéfice par rapport à ce qui serait simplement nécessaire pour rémunérer le travail et le capital jusqu'à leur rendement-limite (rent nulle.) Pour Ricardo, ce rendement marginal est obtenu sur les terres les moins fertiles mises en culture, mais pour A. Marshall, il est défini par "la limite de la dépense utile de travail et de capital sur une terre de qualité quelconque" (Principes, t. 2, p. 109.) En ce sens, à la différence des salaires et des profits, la rente n'entre pas dans le prix de vente des biens ; elle ne contribue pas à définir le niveau des prix, mais elle en est au contraire le résultat. Pour A. Marshall, il y a deux notions qu’il met en valeur et qui se rapprochent du concept de rente. On a surplus du consommateur si le prix de marché est inférieur au "bénéfice" (bien-être) que celui-ci estime en retirer, et donc s'il est prêt à payer plus cher pour jouir de ce bien. Symétriquement, il y a surplus du producteur lorsque le prix de marché se fixe au-dessus du coût de production (profit inclus.) Pour un même produit, ces deux grandeurs sont donc interdépendantes et opposées, l'augmentation de l'une se faisant nécessairement au détriment de l'autre.

- l'origine de la rente. Dans la formulation des classiques, celle-ci est imputable aux "facultés productives et impérissables des agents naturels" et à leur rareté (rendements décroissants.) Inversement, lorsque ces facteurs sont disponibles en quantité illimitée et accessibles à tous (l'air et l'eau), ils sont gratuits et il n’y a donc pas de rente. C'est donc la rareté relative de ces facteurs, elle-même liée à l'intensité des besoins à satisfaire, qui explique la rente. J. Schumpeter résume ainsi un siècle de discussions entre économistes sur l'origine de la rente : "nous n'avons pas besoin d'autre chose que de la productivité et de la rareté pour expliquer qu'un facteur gratuit rapporte un revenu net".

- le domaine d'application de la rente. Circonscrite au départ à la fertilité du sol et à l'agriculture, il ne fait de doute pour personne que la théorie de la rente peut s'appliquer, en fait, à l'ensemble des "agents naturels" donnés et disponibles pour n'importe quelle production. Très vite, a été incluse également dans les facteurs de différenciation la situation géographique plus ou moins favorable des entreprises (coûts de transports) et donc génératrice de rente, la distance pouvant se substituer à la fertilité. Il y a aussi consensus pour reconnaître que la fertilité naturelle du sol est indissociable des améliorations et investissements successifs incorporés dans le sol, ce dont Marx a bien rendu compte en distinguant "fertilité agronomique" et "fertilité économique" du sol (Le Capital, L. III, t. 3.) Finalement, A. Marshall parachève ce processus de généralisation en appliquant la théorie de la rente à toute situation où le stock disponible d'"instruments de production", qu'ils soient créés ou non par l'homme, apparaît comme limité et fixe, même temporairement (quasi-rente.)

- l'appropriation de la rente. La question "à qui bénéficie la rente ?" est évidemment liée aux rapports de propriété sur les "agents naturels". La rente échoit, en définitive, au propriétaire foncier du seul fait qu'à travers le sol, il s'approprie les facultés productives ou les avantages de localisation qui lui sont attachés. Autrement dit le fermier, bien qu'il contribue à créer la rente n'en est pas nécessairement le bénéficiaire et doit la restituer au moins en partie au propriétaire à travers le fermage. Logiquement, une entreprise qui saurait tirer parti de la "productivité" de ces facteurs, soit du fait d'une localisation privilégiée, soit du fait d'une capacité particulière à les exploiter, peut en retirer un bénéfice assimilable à une

La rente est un concept évolutif.

Ce concept de rente peut s'expliquer par l'évolution du contexte économique. Pendant toute la période couverte par les classiques, la rente foncière avait occupé une place de choix dans les débats entre économistes. Cela s'explique par la vivacité de l'opposition au cours du 18° siècle entre la bourgeoisie industrielle et la classe des propriétaires fonciers à propos du "prix des blés" et du libre-échange, débat dont D. Ricardo a été témoin et acteur.

Mais la place centrale de la théorie de la rente provient surtout de ce qu'elle est cohérente avec les caractéristiques économiques de l'époque : importance des ressources naturelles dans la production, diversité des produits et de leurs origines, différenciation des conditions de production et des espaces. Tous ces traits sont intrinsèques à l'économie de cette période, dans un contexte de rareté et d'intensité des besoins.

Dans la deuxième moitié du 19° siècle, la théorie de la rente a été peu à peu détachée de la terre, et généralisée à tous les facteurs de production dans des situations de rareté et de rigidité de l'offre. Cette voie avait été ouverte par J. S. Mill dès 1848 ; elle a été systématisée ensuite par A. Marshall (Principes, 1890) pour qui "la rente du sol ne se présente pas comme une chose distincte par elle-même, mais comme l'espèce principale d'un genre étendu" (préface des Principes, Giard et Brière, 1906, p.VIII).

Cette normalisation de la théorie de la rente s'explique évidemment par la situation économique issue de la Révolution industrielle : prééminence progressive de l'activité industrielle sur les activités traditionnelles, artisanales ou agricoles, passage à l'énergie fossile, élargissement des échelles et des espaces de concurrence sur des marchés plus ouverts.

Cette évolution va jusqu'à son terme dans les années 60, avec la banalisation, et souvent l'oubli pur et simple, du concept de rente. De plus en plus, la terre n'a de valeur que celle du capital qui y est incorporé, "le don gratuit de la nature" devenant résiduel. La rente est assimilée à un sur-profit plus ou moins temporaire généré par une situation provisoire de monopole ou de quasi-monopole ou simplement par l'existence de rigidités ou de limites à l'offre d'un facteur.

 

En conclusion, il paraît essentiel de rappeler que le concept de rente a une histoire très chargée, et qu’il a donc fait l’objet de multiples acceptions au cours de l’histoire économique. La rente attachée au départ à la terre et aux conditions naturelles, s’est progressivement étendue pour englober toute situation avantageuse augmentant les revenus d’un agent économique.