Injustice et inégalité

 

 

Introduction

 

Accroche

 

On n’est pas inégal tout seul. Il faut être deux. De plus, comme le souligne Aristote dans l’Ethique à Nicomaque, l’idée de justice implique avant tout un rapport à l’Autre.



Penser donc l’injustice et l’inégalité c’est essayer d’appréhender un des fondements de la relation des hommes entre eux, une des bases de toute communauté politique.

 

Définition

 

Injustice : pose le problème :

- du droit, de la norme écrite et conventionnelle

- de la morale, plus universelle mais également concrètement très subjective

 

Inégalités : 3 types

- naturelle (ou physique) : naître avec plus ou moins d’esprit ou de force par exemple

- politique (ou morale) : fait référence ici à l’idée de dignité, d’égalité devant la loi...

- conditions économiques et sociales : relatif à une certaine distribution des biens dans une société et au problème de leur mesure également.

 

Problématique

 

L’inégalité est-elle intrinsèquement injuste ?

La problématique peut paraître un peu ingénue. On va essayer de donner des pistes de réponses qui le sont moins...

 

I. L’égalité de dignité suppose de combattre l’inégalité au nom de la justice ( ?)

 

A. La nature de l’homme donne t-elle une justification à l’omniprésence sociale de l’inégalité?

 

1. L’inégalité encore et toujours...

 

L’inégalité s’insinue partout. On peut prendre l’exemple de cette classe. Si l’on souhaitait s’organiser pour défendre l’égalité par exemple, tout de suite : hiérarchie.

De même, si je distribuais aujourd'hui 100 euros à chacun d’entre vous, mardi prochain, on verrait des cigales et des fourmis et une répartition de nouveau tout à fait inégale de la richesse.

" Cette impression de fatalité de l’inégalité pose le problème de son origine. Pas seulement pour savoir si l’on peut la combattre ou la réduire mais surtout pour savoir dans quelle mesure l’inégalité sociale est justifiée. Certains sont-ils nés pour obéir et d’autres pour commander ?

 

2. L’inégalité politique tient-elle à la nature de l’homme ?

 

C’est un peu la question que se pose Rousseau dans Le discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes et la thèse qu’il combat.

Or pour y répondre il commence par chercher à connaître la nature de l’homme avant qu’elle n’ait été corrompue par la société.

La fiction de l’état de nature c’est donc imaginer l’homme avant la société. Or par définition, on imagine par conséquent des hommes dispersés et indépendants.

On voit alors pourquoi à l’état de nature l’inégalité physique et naturelle est très peu importante et n’a que peu d’influence pour la simple raison qu’elle est inutile. En effet, pourquoi être plus beau, plus rusé, plus intelligent quand on n’a pas à se distinguer ? Comment opprimer un homme lorsqu’on n’a pas de biens, par exemple, pour le persuader qu’il ne peut se passer de vous ?

Dans le contexte d’une société tout change. Altération de la nature de l’homme. Alors que l’homme sauvage vit indépendamment des autres, l’homme socialisé vit dans le rapport aux autres et donc dans une dépendance vis-à-vis de leur regard ou des services qu’ils peuvent lui rendre. (volonté de distinction et commodités comme besoins)

Ce qui caractérise cependant la société c’est l’idée de propriété car elle implique distribution, donc inégalité, là où avant, à l’état de nature, il n’y avait que du bien commun.

Or dans cette perspective Rousseau montre comment l’institution des communautés politiques a été dans les faits un moyen de pérenniser et légitimer les inégalités. Il s’agit de protéger les riches des pauvres, les maîtres des esclaves. Les outils : des lois et un pouvoir suprême auquel on donne une apparence légitime.

En résumé, c’est la société qui produit les inégalités ou les rends effectives et par conséquent l’inégalité politique est illégitime même si elle est autorisée par le droit positif.

"Il est cependant intéressant de voir que pour Rousseau l’ « inégalité politique » c’est à la fois l’inégalité de droit et l’inégalité des conditions économiques et sociales alors que nous avons tendance à séparer ces deux réalités.

C’est une façon peut-être pour nous d’admettre la nécessité de la première tout en justifiant à l’occasion la seconde.

 

3. Le respect de l’égalité de dignité entre les hommes : un consensus... fragile

 

Car en effet il y a aujourd'hui un large consensus au sujet de la nécessité de l’égalité devant la loi.

Au-delà de la raison, s’enracine également dans l’intuition que nous sommes à la fois tous différents et tous semblables, en dignité, en droit, etc.

Pourtant, on peut également observer la fragilité de ce consensus dans beaucoup de situations, guerres ou génocides par exemple, où on nie ce droit d’égalité fondamental en excluant un groupe d’homme de la communauté humaine pour en justifier l’élimination.

 

" Confirme en tout cas que l’idée d’égalité de dignité et de droit est une condition nécessaire du vivre ensemble et c’est donc sur le plan des inégalités économiques et sociales que la bataille est plus épineuse.

 

 

 

B. L’égalité de l’homme ne vaut pas beaucoup si l’inégalité économique et sociale persiste

 

1. L’égalité devant la loi : une illusion sans égalité économique

- (idée inspirée par Marx) : la base économique détermine la superstructure dont fait partie le droit.=> une société bourgeoise  va donc avoir une système du droit qui (même si formellement tout sont égale devant la loi) sert matériellement la classe bourgeoise. Exemple hypothétique : Le droit du travaille va en dernier ressort servir plutôt les entrepreneurs et pas les ouvriers. Donc même si l’ouvrier et l’entrepreneur sont égal DEVANT la loi, la loi même impose un règle qui renforce l’inégalité des chances entre les deux.

- Même si on pensait que l’égalité devant la loi suffisait, elle reste une illusion vide si les inégalités sociales et économiques sont trop fortes : La femme de ménage ne sais peut-être rien de ses droits (manque de formation) et ne peut donc jamais inciter son patron devant le juge où elle se trouve dans un situation d’égalité devant la loi face à son patron.

 

2. Les inégalités économiques et sociales perçus comme base d’oppression

- Dans partie A Jean-Baptiste à conclue qu’il y a un consensus que les hommes sont égales dans une certain maniere (dignité,...)

- Marx : Société -> rapports de production => système d’oppression d’une classe par une autre  fondé sur l’inégalité économique et sociale (surtout distribution des moyens de production)

- au moins contradiction : Égalité des hommes <-> opression de l’homme par l’homme

 

3. Marx n’utilise pas le concept de justice pq materialismus historique (tous se développe avec une nécessité naturelle).  Comme même il poursuit un idéal d’un état d’égalité globale et matérielle  

 

 

 

" Peut-on cependant confondre justice et égalité et assimiler les notions d’injustice et inégalité ?

 

II. Au-delà de l’égalité : une autre appréhension de l’idée de justice

 

A. L’inégalité n’est pas intrinsèquement injuste

 

1. Subjectivité et relativité du sentiment d’injustice

 

      Intuitivement on sent bien qu’injustice et inégalité ne se confondent pas et que la justice n’est pas simplement l’égalité.

      Premièrement, force est de constater la grande subjectivité qu’il y a dans l’évaluation morale d’une inégalité, suivant la société ou même l’individu. Cela relativise l’idée que l’inégalité comme injustice.

      De ce point de vue la notion sociologique de « frustration relative » est assez intéressante.

      La frustration relative c’est le sentiment d’une injustice sociale (statut, reconnaissance, rémunération...) de la part d’un groupe social qui au regard du reste de la société se sent lésé et qui développe donc une certaine frustration car il pense mériter mieux.

C’est une notion intéressante donc car on voit comment dans ce cadre l’inégalité n’est pas perçue comme injuste en soi mais relativement au reste d’un groupe de référence et aussi comment l’inégalité, qu’elle soit juste ou injuste d’ailleurs, ne pose problème que dans la mesure où elle éveille un sentiment d’injustice.

 

2. La justice implique l’égalité... et l’inégalité

 

On voit d’ailleurs avec Aristote dans L’éthique à Nicomaque que la justice c’est de traiter également des personnes égales et inégalement des personnes inégales et que par conséquent dans certains cas l’inégalité est juste et l’égalité injuste.

C’est que pour Aristote, les idées de justice et d’égalité coïncident en effet mais dans la mesure où l’égalité est proportion et équilibre. On est là en fait à la base de l’idée de justice distributive, c'est-à-dire l’idée de récompense du mérite ou de compensation pour les plus faibles.

Le problème (Aristote le signale lui même au Livre V) c’est bien évidemment qu’il nous manque pour réaliser cette distribution équilibrée que l’on recherche un critère d’évaluation. Exemple : le mérite, mais par rapport à la sagesse, à l’argent, etc. ?

 

3. Inégalité et domination : une piste d’analyse

 

Ainsi l’inégalité n’est pas injuste en soi et n’implique pas forcément un sentiment d’injustice non plus. Or si l’inégalité peut ne pas être en soi injuste et peut même parfois ne pas réveiller de sentiment d’injustice reste à savoir dans quelle mesure elle peut être jugée injuste ou juste objectivement et selon quel critère.

En fait, dans Les Sphères de la justice, M. Walzer donne une piste intéressante. Pour lui l’inégalité n’est pas intrinsèquement injuste moralement, comme nous l’avons vu. C’est l’utilisation d’une inégalité quelconque pour la domination qu’il l’est.

C’est intéressant parce que l’on voit en fait que ce qui est en jeu en dernier ressort c’est la liberté.

 

 

B. L’équilibre entre l’égalité et liberté : un concept de la justice qui exige des inégalités

 

1. Le conflit entre liberté et égalité

- idée : on a vue que état normal(le plus souvent) -> inégalités => égalité seulement possible par régulation d’État. Donc dans ce sens l’égalité (materielle) exige plus de règles et moins de liberté. Exemple : impôts pour compensation de personnes au chaumage

- Plus concret (et plus absurde mais j’ai pensé que c’est peut-être assez évident) : Jean-Baptiste a évoqué l’exemple de 100 Euro. Si on voulait égalité même après deux semaines, il fallait limiter les modes d’utilisation possible de l’argent pendant cette période. => Moins de liberté

- Mais on trouve la liberté un droit fondamental => rapport avec justice

 

2. Le concept de la justice comme équilibre entre liberté et égalité

- Rawls a regardé trois suppositions comme nécessaire dans une société libérale (comme nous l’avons vue aussi) :

a) l’homme est libre

b) les hommes sont en principe égaux

c) la société est une coopération dont on veut quelle est juste

Donc une société est juste si elle traite les hommes comme libre et égale. Comme on a vu qu’il y a conflit entre liberté et égalité, la justice doit être un équilibre entre les deux. Comment trouver ?

 

3. Un principe de la justice : Les inégalités sont acceptables s’ils servent également à tous (une proposition)

Les principes de la justice (équilibre entre égalité et liberté) sont ceux auxquels l’homme peut consentir dans un état de liberté et égalité parfait où il ne sait rien sur son propre situation dans la société (voile d’ignorance)

 

a) Chaqu’un a des droits et libertés fondamentaux

b) des inégalités économiques et sociales sont justifiées si elles

- sont attachées à des positions ouvertes à tous dans des conditions d’égalité équitable des chances

- Procurent le un bénéfice à tous (aux membres les plus défavorisés de la société) Exemple : incitations pour travailler.

 

Important surtout principe b)

 

 

 

Conclusion

Les inégalités ont une tendance d’être aperçu comme injuste à cause d’un consensus sur l’égalité principielle des hommes.

Une précision de la notion de la justice montre en revanche que certaines inégalités entre les hommes sont nécessaires et justes.

Rawls nous montre peut-être qu’il suffit d’IMAGINER les hommes parfaitement égaux dans un état naturel pour qu’on trouve des principes de la justice applicables dans un monde caractérisé par d’inégalités.

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